Politique

TRIBUNE. La sénatrice LR des Bouches-du-Rhône, Valérie Boyer, regrette l’absence d’engagement de la part de la mairie de Marseille. Une « faute », selon l’élue, soutien de Martine Vassal lors des prochaines municipales.

Publié le 14 novembre 2025 à 10h00

L'écrivain franco-algérien, Boualem Sansal, a été libéré, mercredi 12 novembre, après un an de détention. Photo © SYSPEO/SIPA

L’écrivain franco-algérien, Boualem Sansal, a été libéré, mercredi 12 novembre, après un an de détention. Photo © SYSPEO/SIPA

Monsieur Boualem Sansal, vous êtes enfin libre !

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Après près d’un an embastillé par le régime algérien, vous avez été « gracié », mercredi 12 novembre 2025, par le président algérien Abdelmadjid Tebboune. Cette grâce, présentée comme « humanitaire », met fin à une année d’injustice, de souffrance et de silence imposé à votre plume libre, à votre pensée courageuse, à votre voix qui reliait depuis toujours les deux rives de la Méditerranée.

En réalité, vous n’avez pas été gracié, vous avez été rendu à la liberté qu’on vous avait volée. Car on ne « gracie » pas la vérité, on la libère. Aujourd’hui, nous sommes nombreux, notamment à Marseille, à nous réjouir de votre libération. Mais Marseille ne peut pas se réjouir sans se souvenir. Avec nos élus de la droite et du centre, avec notre candidate Martine Vassal, nous n’avons eu de cesse de dénoncer votre incarcération.

Non, Marseille ne vous a jamais oublié. Car les Marseillais n’oublient jamais ceux qui portent haut la liberté et la vérité.

Marseille, porte de l’Orient, aurait dû, par la voix de son maire, être une force, une voix qui pèseA LIRE Marseille : Nora Preziosi, la reine déchue des quartiers nord

C’est pourquoi Marseille aurait dû faire plus et j’espère qu’elle le fera pour faire libérer notre compatriote Christophe Gleizes. Marseille aurait pu être à l’avant-garde de la lutte pour votre libération. Marseille, porte de l’Orient, ville qui ne cesse de vanter son caractère cosmopolite où la liberté d’expression est un art de vivre, aurait dû, par la voix de son maire, être une force, une voix qui pèse. Pourtant, le silence de Benoît Payan vous concernant se fait toujours assourdissant. Il y a des silences qui condamnent plus sûrement que les mots. Euripide l’avait dit : « Le silence est un aveu. »

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Là où la liberté est menacée, le silence devient une faute. Lui qui parle souvent d’humanisme pour justifier son engagement, n’a eu ni geste, ni affiche, ni même un mot pour vous. A ce jour, pas un seul message, pas une seule joie exprimée à l’annonce de votre libération. Enchaîné, par complaisance ou par calcul, au régime du Président Tebboune, qu’il considère comme « son ami », il aurait pu invoquer cette amitié pour défendre la liberté. Il aurait pu choisir la lumière, celle de la culture et du courage, plutôt que l’ombre du silence. Il aurait pu, comme je l’avais demandé, donner votre nom à une structure municipale, pour inscrire votre combat dans la mémoire de la ville.

Il y a une semaine, le consulat d’Algérie, avec le soutien de la municipalité, organisait en plein centre-ville une manifestation de propagande

Pourtant, plus que de se taire, il a choisi le camp de ceux qui ont voulu étouffer votre soif de liberté. Plus grave encore, il y a une semaine, le consulat d’Algérie, avec le soutien de la municipalité, organisait en plein centre-ville une manifestation de propagande où, entre deux ateliers culinaires, se tenait un stand à la gloire du FLN, et où de très jeunes enfants chantaient l’hymne algérien, au garde-à-vous, avec salut militaire.

Une manifestation aux relents anti-France, cautionnée par plusieurs élus présents, sourires aux lèvres. Des élus qui n’ont que faire de votre sort, M. Sansal. Pendant que d’autres se muraient dans le silence, vous, M. Sansal, écriviez encore. Vous avez affronté l’enfermement avec les seules armes qui valent : les mots, la vérité, la liberté. Votre libération est une leçon.

Elle rappelle que la plume d’un homme libre pèse plus lourd que le silence de mille lâchetés. Honte à ceux qui se sont tus. Et fierté pour vous, Boualem Sansal, qui avez montré que même derrière les barreaux, un esprit libre ne s’éteint jamais.

Valérie Boyer est sénatrice LR des Bouches-du-Rhône.