Une enquête a été ouverte après qu’une vingtaine de salariés d’une brasserie emblématique du centre-ville ont dénoncé des injures racistes proférées à leur encontre par le propriétaire du Régent Café.
Fin octobre, 17 employés du Régent Café, établissement situé face à l’Opéra et au Grand Hôtel de Bordeaux, ont déposé plainte pour des «propos racistes, islamophobes, xénophobes, sexistes et homophobes» tenus par le cogérant de la brasserie. Selon leur avocate, Me Anne-Charlotte Moulins, cinq autres vont se joindre à la procédure, révélée début novembre par Mediapart et Rue89 Bordeaux.
Lors d’une après-midi d’octobre, le gérant aurait lancé aux salariés «qu’il s’était laissé envahir, qu’il y avait trop de noirs et d’Arabes dans son établissement», avant de menacer de «tous nous virer», a décrit un employé originaire de Guadeloupe, aujourd’hui en arrêt maladie.
«C’est un travail d’Arabe»
À un serveur passant le balai, le patron a expliqué que «c’est un travail d’Arabe», indiquant «à un collègue sénégalais» que «la place des noirs était à la cave», poursuit ce chef de rang de 42 ans, en précisant que les personnes prises à partie étaient «vulnérables» car «en situation de régularisation».
Selon le récit des plaignants, le responsable de l’établissement, également gérant de brasseries à Paris et sur la côte basque, était fortement alcoolisé lors des faits. Pour son avocat, Me Fabien-Jean Garrigues, il «n’a aucun souvenir du déroulement» de la journée en question et «émet l’hypothèse d’avoir été drogué». «Lesdits faits sont néanmoins, de son point de vue et d’après ce qui est rapporté, inexplicables et, à les considérer avérés, inqualifiables et intolérables», a-t-il conclu.
Une enquête a été ouverte par le parquet de Bordeaux. La DIPN 33 a été saisie des investigations.