Les autorités libanaises ont annoncé vendredi leur décision d’imposer des restrictions aux compagnies de transfert d’argent dont les bureaux de change, accusés par les États-Unis de faciliter le financement du Hezbollah pro-iranien. La décision de la Banque du Liban (BdL), qui doit entrer en vigueur au 1er décembre, intervient quelques jours après la visite de responsables américains qui se sont dits déterminés à interrompre le financement par l’Iran du Hezbollah. Le mouvement, qui sort affaibli d’une guerre avec Israël, est dans le même temps soumis à une intense pression pour désarmer.
Selon le Trésor américain, l’Iran a transféré depuis janvier 2025 plus d’un milliard de dollars au Hezbollah au Liban, notamment via des bureaux de change. Dans un communiqué, la Banque centrale a annoncé qu’elle imposerait désormais des restrictions «aux sociétés de transfert d’argent, aux bureaux de change» et autres entreprises traitant des transactions et transferts en devises vers et depuis le Liban. Ils doivent collecter les données liées à leurs clients pour toutes les opérations financières à partir de 1.000 dollars, et en informer la BdL.
Lutte contre la «cash economy»
Les mesures sont conformes «aux normes internationales de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, et visent à prévenir l’utilisation abusive du système financier autorisé pour des transactions suspectes», a-t-elle ajouté. La BdL a précisé avoir pris cette décision dans le cadre de ses efforts pour «retirer le Liban de la liste grise du Groupe d’action financière (Gafi)». En octobre 2024, le Gafi, chargé d’évaluer l’action des Etats en matière de lutte contre le blanchiment, avait ajouté le Liban à sa «liste grise».
Un responsable libanais ayant requis l’anonymat avait indiqué à l’AFP que la délégation américaine avait exigé des autorités qu’elles «luttent contre le blanchiment d’argent et la “cash economy” (transactions en liquide, NDLR)». Les États-Unis réclament également la fermeture d’Al-Qard al-Hassan, société financière liée au Hezbollah et sanctionnée par Washington, qui accorde des prêts en dollars contre des dépôts en or, selon la même source. La formation chiite gère un vaste réseau d’écoles, d’hôpitaux et d’organisations communautaires au service de ses partisans.
Jeudi, le bloc parlementaire du Hezbollah a dénoncé «les tentatives des États-Unis de resserrer le blocus financier imposé au Liban», les accusant de vouloir imposer une «tutelle financière» sur le pays. Le Liban vit une crise financière et économique sans précédent depuis fin 2019, qui a provoqué l’effondrement des banques et contribué à l’essor des bureaux de change et autres sociétés de transferts de fonds.