Cette amoureuse de la liberté, figure essentielle de la photographie, est le cœur de ce film, diffusé sur France 5, mêlant l’aspect documentaire à la fiction.
La Man Ray au féminin. Germaine Krull s’est imposée, au fil des années, comme l’une des plus grandes photographes du XXe siècle. Pourtant, son nom reste quasi inconnu du grand public. Après avoir couvert la Seconde Guerre mondiale, entre autres, elle a arrêté la photographie et s’est exilée en Thaïlande où elle a dirigé un hôtel durant vingt ans.
Entre fiction et documentaire, ce film diffusé en deuxième partie sur France 5 retrace sa vie et les virages successifs qu’elle a pris. « Chaque fois que j’ai tout abandonné dans ma vie pour faire autre chose, j’ai pensé à mon père. La seule chose qu’il m’ait apprise, c’est à être toujours libre d’entreprendre ce que l’on veut », déclare-t-elle à travers Imogen Kogge, la comédienne allemande qui s’est glissée dans la peau de la protagoniste et « dont la gestuelle et le visage se mêlent », selon la réalisatrice, « de façon troublante aux représentations de la photographe ».
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Ce récit de 60 minutes est énoncé à la première personne. Et si ce choix peut, de prime abord, désorienter, il tombe sous l’évidence très rapidement. « Avec un personnage si libre, j’ai insufflé une part de fiction au récit. Tout se passe le temps d’une rencontre dans les années 1950 avec un journaliste fasciné, presque amoureux, au bar de l’Hôtel Oriental de Bangkok », précise la réalisatrice Audrey Gordon. Elle ajoute : « À l’occasion de cet entretien avec le journaliste français qui cherche à comprendre pourquoi elle a disparu du champ de la photographie, Germaine Krull, exilée, qui a laissé derrière elle l’Europe, ses photos, ses amoureux, se souvient de la liberté folle qu’il a fallu pour arriver jusque-là. Et nous sommes entraînés avec elle dans la valse de ses souvenirs. »
Une chorégraphie emmenant le téléspectateur en Allemagne, où elle a grandi, en Russie où elle est qualifiée de révolutionnaire et dissidente avant d’être enfermée et condamnée à mort, puis aux Pays-Bas où elle reprend goût à la vie au côté de son amour de l’époque, Joris. Goût à la vie mais, également, à la photographie.