Ils sont une quinzaine de soldats lourdement équipés, nord-coréens et russes, brandissant le drapeau à l’étoile rouge du régime de Pyongyang dans un champ de l’oblast de Koursk, situé dans le sud-ouest de la Russie : l’image fait la une du quotidien institutionnel Rossiïskaïa Gazeta daté du 14 novembre. “Une véritable fraternité d’armes”, assure la légende. Dans un article illustré par des photos fournies par le ministère de la Défense russe, ce journal relais du Kremlin rapporte que des sapeurs nord-coréens procèdent depuis plusieurs mois au déminage dans cette région frontalière qui fut, entre août 2024 et mars 2025, partiellement occupée par les forces ukrainiennes.

Photo

“Tous les membres de l’armée populaire de Corée participant à ces travaux possèdent une formation professionnelle approfondie acquise dans leur pays d’origine, écrit le journal. Avant le début de leur mission, ils ont suivi une formation complémentaire dans les centres d’entraînement des troupes du génie des forces armées russes.” Car “la plupart des munitions ici sont de l’Otan. Il y a des mines américaines, allemandes, espagnoles et même roumaines. Tout le monde a contribué”, soutient le commandant Veles.

Partenariat stratégique

“Parmi les découvertes figurent des spécimens inhabituels qui témoignent de crimes de guerre”, glisse le journal, dans une allusion à l’armée ukrainienne. La reprise de la région par les forces russes a fait l’objet en Russie d’une couverture médiatique à forte coloration patriotique – Koursk fut le théâtre d’une bataille décisive de la Seconde Guerre mondiale. Le titre retenu par Rossiïskaïa Gazeta, “Un soldat coréen dans le saillant de Koursk”, y fait directement référence.

L’article, qui détaille le travail effectué par ces recrues, souligne la fraternité entre Russes et Nord-Coréens. “Ils sont bien entraînés et font preuve d’une discipline de fer. Nous les avons acceptés comme les nôtres”, se félicite le commandant Lesnik. Le quotidien rappelle que ces travaux de déminage s’inscrivent dans le cadre de la mise en œuvre du traité de partenariat stratégique entre la Russie et la Corée du Nord, conclu le 19 juin 2024.

Les deux pays ont en effet fait la démonstration d’un rapprochement politique qui s’est notamment traduit par l’accueil grandiose réservé à Vladimir Poutine l’année dernière à Pyongyang. “Conformément à l’article 4 du traité, si l’une des parties est soumise à une attaque armée et se trouve en état de guerre, l’autre partie est tenue de lui fournir immédiatement une assistance militaire et autre avec tous les moyens dont elle dispose”, précise le journal.

À la fin de l’article, Rossiïskaïa Gazeta diffuse une vidéo des entraînements tournée par le ministère de la Défense et dresse l’inventaire des munitions désamorcées, dont plusieurs seraient de fabrication américaine et bulgare.