« À l’angelus, je perds connaissance. » L’extrait du documentaire de M6 est devenu viral en quelques heures. Tatiana, propriétaire d’une maison à Saint-Loup-des-Vignes, dans le Loiret, explique, face caméra, être « prise de panique » à chaque fois que les cloches de son village se mettent à sonner. Pour tenter de se calmer, elle emploie une méthode inédite : mettre un casque sur les oreilles et allumer « la musique à fond ». Avec son mari, Tatiana a par ailleurs décidé d’engager un avocat pour que le maire renonce à faire sonner les cloches de l’église.

Le couple fait appel à un avocat

On pourrait croire à une farce ; pourtant, la scène est bien réelle. Il est midi, les cloches de l’église de Saint-Loup-des-Vignes sonnent douze coups et Tatiana court s’enfermer dans sa maison. À peine a-t-elle fermé la porte qu’elle met un casque sur les oreilles et déclenche « à fond » une musique du groupe ABBA. Selon elle, les cloches du village, remises en service il y a quelques mois par la mairie après des travaux d’automatisation, déclenchent chez elle des crises de panique. « Vertige », « tachycardie », « psychose »… Tatiana assure même avoir fait « deux malaises » à cause du tintement des cloches. Son mari abonde : « Je n’ai pas besoin qu’on rythme ma vie […] [J’ai envie de] mettre deux coups de fusil à cette cloche. »

Ensemble, ils tentent de faire plier le maire. Après plusieurs plaintes, ils ont lancé une pétition et obtenu dix signatures en leur faveur. Mais l’édile tient bon : il n’éteindra pas les cloches du village. Filmé par les caméras de M6, l’élu local interroge une riveraine de l’église. « Les cloches, ça va ? » lui demande-t-il. « Impeccable ! », rétorque-t-elle. « Ça met un son dans un village désert, une musique », justifie-t-il, fier de son clocher. L’édile se montre toutefois conciliant. Les cloches ne sonnent que de 9 heures à 19 heures et leurs horaires ont été réduits en été. Mais cela ne suffit pas au couple. Tatiana et son mari ont donc engagé un avocat en vue d’une conciliation. Le maire, certain de son bon droit, choisit de se défendre seul. À la fin de la rencontre, l’édile finit malgré tout par accepter de ne plus faire sonner l’angelus du soir en échange de l’arrêt des poursuites.

Les cloches protégées par la loi

L’extrait de Tatiana s’enfermant dans sa maison et mettant la « musique à fond » pour ne pas entendre les cloches a été vu plusieurs millions de fois sur les réseaux sociaux. De nombreux internautes ne manquent pas de dénoncer l’irrationalité de la réaction du couple.

Tatiana et son mari ne sont pas les premiers à tenter de faire taire les cloches de leur village. L’été dernier, l’habitante d’un petit village de Savoie avait demandé l’arrêt des cloches en soirée et la nuit. Alors que les cloches de ce village sonnent toutes les heures et demi-heures depuis 155 ans, une pétition, réunissant 10.000 signatures, s’était alors vivement opposée à l’arrêt des cloches. « Jusqu’à ce jour, les cloches de l’église ne dérangeaient personne. Quand vous arrivez dans une commune, vous vous adaptez à son mode de vie plus que centenaire. C’est aux néo-ruraux de s’adapter et non l’inverse ! », s’indignaient les pétitionnaires. En 2022, un vacancier avait, lui aussi, demandé à la mairie d’Arzon (Morbihan) de faire taire les cloches de l’église pour  « profiter tranquillement de cette période de vacances ». Une demande à laquelle l’élu local n’avait pas donné suite…

Depuis 2021, les cloches, le chant du coq ainsi que les effluves d’étable, « patrimoine sensoriel » de nos campagnes, sont protégés par la loi.


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