Tous les mercredis soir, les tintements métalliques résonnent dans le gymnase de Persivien à Carhaix, rythmés par les pas vifs des escrimeurs. Débutants curieux ou compétiteurs plus aguerris, les adhérents de la Riposte, se retrouvent autour d’une même passion : l’art du fleuret et de l’épée. Guidés par un maître d’armes expérimenté, Ewen Foucher, les membres perfectionnent leurs gestes, affûtent leurs réflexes et partagent un moment de convivialité où le respect de l’adversaire reste la plus belle des victoires.
Le club d’escrime carhaisien ne compte évidemment pas autant d’adhérents que le football ou le rugby. « Il réunit aujourd’hui une dizaine d’adultes et autant d’enfants licenciés », confirme son président Fabrice Le Ny. Ici, les groupes sont plus petits, les visages familiers, et chaque nouveau venu est rapidement intégré. Il n’y a pas d’âge pour pratiquer. Petits (à partir de 6 ans) ou grands, chacun trouve sa place sur la piste.
Sport physique et cérébral
Ce que les escrimeurs manquent en nombre, ils le compensent par la passion. « L’escrime, c’est un sport d’émotion et de réflexion. Il faut observer, anticiper, réagir en une fraction de seconde », explique Fabrice Le Ny. C’est un dialogue sans paroles, un jeu d’équilibre entre attaque et défense. Et ceux qui le pratiquent le savent bien : derrière le masque, on apprend autant sur soi que sur les autres.
« À l’image des échecs, l’escrime développe la concentration et oblige à élaborer une véritable stratégie pour surprendre ou piéger l’adversaire. Le parallèle avec le judo n’est pas non plus dénué de sens : on y retrouve des phases calmes, d’observation, suivies de moments d’action plus intenses », confirme l’ancien arbitre international. Un sport complet, à la fois physique et cérébral.
« Les préjugés ont la vie dure »
Fondée en 2014, la Riposte s’est solidement implantée dans le paysage sportif carhaisien. Le club a même accueilli récemment le président de la Fédération française à l’occasion de l’assemblée générale de la Ligue de Bretagne, marque de reconnaissance ultime. Pourtant, il peine aujourd’hui à séduire de nouveaux adhérents. Cette saison, aucun nouveau jeune n’a franchi la porte de la salle d’armes.
De quoi attrister le président du club. « L’escrime souffre encore probablement d’une image un peu élitiste, un peu comme le golf. Et les préjugés ont la vie dure, alors que nous disposons du matériel et des infrastructures nécessaires. Parmi ces idées reçues, celle que l’escrime serait un sport coûteux revient aussi souvent. C’est complètement faux. »
Pas d’effet JO
Même les Jeux Olympiques de 2024, pourtant censés stimuler les vocations sportives, n’ont pas eu l’effet escompté. « À Carhaix, il y a beaucoup de disciplines, donc une forte concurrence. Les habitants ont le choix », constate le dirigeant. Seule note positive : les jeunes tireurs inscrits à la rentrée 2024 ont renouvelé leur licence cette année. « Ce n’était pas gagné, car les enfants sont souvent voyageurs et aiment découvrir de nouvelles disciplines », sourit le président de la Riposte. Malgré les difficultés, le club reste pourtant déterminé à faire découvrir ce sport alliant précision, respect et maîtrise de soi et lance un appel du pied aux curieux qui voudraient, à leur tour, enfiler le masque et brandir le fleuret.
Pratique
Escrime, séances au gymnase de Persivien, le mercredi de 17 h 45 à 18 h 45 pour les enfants et de 18 h 30 à 20 h pour les adultes ainsi que le samedi de 17 h 45 à 19 h 30 pour les adultes. Deux séances de découvertes possibles. Contact : Fabrice Le Ny, 06 26 01 73 50.