« J’ai toujours dessiné mais sans jamais prendre de cours académique », sourit Marion Lagarde. Dans sa maison de Guidel, elle passe pourtant plusieurs heures par jour à remplir des feuilles, équipée de son seul crayon noir. Elle croque des villes, des maisons, des paysages urbains. Elle vit aujourd’hui de son art, après avoir travaillé pendant une quinzaine d’années dans la communication. « Plus jeune, je voulais être architecte. J’ai finalement suivi des études dans la communication. Je considérais le dessin comme un loisir », se rappelle cette dernière. Elle démarre sa carrière à Londres avant d’ouvrir une agence à Paris, spécialisée dans le cinéma. « Puis, avec mon mari, on a déménagé à Marseille où j’ai dirigé une agence de production vidéo », détaille-t-elle.
Chaque dessin d’architecture de Marion Lagarde est réalisé avec énormément de détails. (Le Télégramme/Pauline Le Diouris)« Je me suis mise à esquisser ce que j’avais sous les yeux »
C’est lorsqu’elle habitait la cité phocéenne qu’elle s’est mise à explorer les perspectives. « J’avais quitté mon travail. J’ai repris le dessin. Je me suis mise à esquisser ce que j’avais sous les yeux. Je passais pas mal de temps au jardin du Pharo qui offre une vue de Marseille. On avait aussi un appartement avec une vue dégagée sur la cité », décrit-elle. Elle prend goût à tracer les contours des bâtiments. « Cela raisonnait de dessiner de l’architecture. J’aime le côté carré. J’aime la répétition des lignes », assure l’artiste dans un large sourire.
« Cela vient sacraliser le travail d’une vie »
Lors d’un week-end entre copines, elle arrive en avance. Désormais toujours armée d’un carnet et d’un crayon, elle tue le temps avant l’arrivée de ses amies, en griffonnant. « Elles ont regardé dans mes carnets et m’ont poussée à faire « quelque chose avec ça » », raconte Marion Lagarde. Paper and Pen naît quelque temps plus tard. « On a déménagé à Guidel à ce moment-là, en 2019. » La jeune femme se met alors à dessiner les maisons de particuliers, puis pour des hôtels. « Les gens peuvent décliner mes croquis sur plein de supports ensuite : en carte de visite, cartes postales, sur les réseaux… Cela vient sacraliser le travail d’une vie, que ce soit un hôtel ou une maison de famille. Je travaille à partir de photos », assure-t-elle. Ses œuvres ont aussi été reproduites récemment sur des dalles de plafonds qui ornent désormais une salle d’examen des urgences de l’hôpital du Scorff, à Lorient. « Je collabore aussi avec l’entreprise Tecsound qui réalise des panneaux d’acoustique », ajoute-t-elle. Ses œuvres ont été imprimées dessus et sont actuellement exposées à Paris, à la Tecsound Art Gallery.
Celle qui se sent surtout inspirée par les mégalopoles est amusée de constater qu’elle aurait du mal à vivre ailleurs qu’à Guidel et sa tranquillité. « Je suis une citadine. On a récemment voyagé à New York et j’ai prévenu qu’il était possible que je ne veuille plus repartir. C’est une ville que j’ai beaucoup dessinée à partir d’images. J’ai adoré mais j’ai compris que je ne pourrai pas y vivre. J’ai pris goût à la campagne », rit celle qui tout de même ramené de nombreux clichés d’architecture. Ne lui restera plus qu’à reproduire, à main levée, sans esquisse et sans règle, les si photogéniques immeubles de Manhattan. « Mais ce que j’aime avant tout, c’est le concept des anglo-saxons de « home ». Il n’existe pas vraiment de traduction. C’est le « chez soi ». Là, où on se sent bien. »