Par

Hugo Hancewicz

Publié le

26 avr. 2025 à 6h50

Le couperet est tombé. Le pavillon de pesage, bâtiment historique jouxtant le stade Yves-du-Manoir à Colombes (Hauts-de-Seine), sera bel et bien démoli. Érigé en 1883 pour accueillir le pesage des jockeys jusqu’en 1907, ce vestige du XIXe siècle ne survivra pas au vaste chantier d’aménagement prévu sur le site. Classé en annexe patrimoniale du Plan local d’urbanisme (PLU) de la commune pour son intérêt historique et architectural, l’édifice avait pourtant conservé une seconde vie après son activité de pesage des jockeys. En effet, à partir de 1920, il abritait le restaurant-bar du Racing Club de France. À l’abandon depuis de nombreuses années, son état de dégradation avancé et les risques d’effondrement ont scellé son sort, sans qu’aucune solution de rénovation ou de remise en l’état ne soit envisagée. « C’est du gâchis », déplorent ses défenseurs, qui avaient lancé une pétition dès mai 2024 pour tenter de sauver le bâtiment.

Une pétition pour préserver le pavillon de pesage

Propriétaire du site, le conseil départemental des Hauts-de-Seine a dû trancher : la conservation du pavillon n’est pas à l’ordre du jour, au grand dam de ceux qui espéraient encore pouvoir sauver la bâtisse. « Nous avons étudié toutes les solutions, explique-t-il à actu Paris, malheureusement, il se trouve que le pavillon n’a pas de fondation, donc il peut s’effondrer. Pour la sécurité du site, nous n’avons pas eu le choix ».

Une décision que ne comprend pas Amélie Delattre, conseillère municipale d’opposition à Colombes et l’une des figures les plus actives dans la défense du bâtiment. Elle pointe du doigt « plusieurs incohérences » dans le traitement du dossier : « En février 2024, le conseil départemental a déposé un permis de démolir pour le pavillon, alors que dans le projet de rénovation du site présenté en 2021, il n’y touchait pas », souligne-t-elle.

Le pavillon de pesage est collé à la tribune principale du stade Yves-du-Manoir à Colombes.
Le pavillon de pesage est collé à la tribune principale du stade Yves-du-Manoir à Colombes. (©HH/actu Paris)

À ce moment, l’élue décide donc de lancer la pétition pour tenter de sauver le bâtiment. « C’est un marqueur de l’histoire de Colombes, le dernier héritage de l’époque hippique de la ville », défend-elle. Dans son appel, elle invitait les citoyens à se mobiliser « pour que les générations à venir puissent, à leur tour, y refaire le match ». Une pétition qui avait alerté la municipalité.

« La mairie a fait volt face »

En effet, à l’époque, le maire de Colombes, Patrick Chaimovitch (EELV), avait pourtant assuré sur ses réseaux sociaux que « la demande de permis de démolir, au vu du dossier déposé, serait refusée ». Mais les faits ont suivi un tout autre chemin. Quelques mois plus tard, le conseil départemental dépose un nouveau permis de construire, dans le cadre de la rénovation du site pour le retour du Racing 92 au stade Yves-du-Manoir. Ce permis inclut une nouvelle fois la destruction du pavillon. Cette fois, la mairie donne son feu vert, entérinant de facto les espoirs de ceux qui souhaitaient sauver le bâtiment. « La mairie a fait volte-face, et je trouve ça étonnant », déplore Amélie Delattre.

La municipalité justifie ce revirement par une étude diligentée en interne. « C’est une infrastructure en péril, il y a des fissures un peu partout », confie un proche du maire à actu Paris. Même son de cloche du côté du club : « Il y a quinze ans, quand nous étions encore à Yves-du-Manoir, le pavillon était déjà fermé. Depuis, il n’a cessé de se dégrader. Si sa préservation avait été essentielle, des travaux auraient déjà été faits, on arrive en bout de course ».

Malgré l’issue actée, Amélie Delattre refuse de baisser les bras. Selon elle, il aurait été préférable d’en faire « un musée du sport ou un lieu d’accueil pour les sportifs, imagine-t-elle. En tout cas, réinventer l’usage de ce pavillon. Il aurait pu être sauvé ». L’élue dénonce « le manque d’ambition de la ville pour préserver le bâtiment » jugeant que « les symboles de l’histoire de la commune sont importants pour son héritage ». De son côté, le club, qui finance les travaux à 100 %, précise que le début du chantier est prévu en septembre 2025, date à laquelle le pavillon devrait être détruit.

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