France Bel, la fille de Jacques Brel, lors de l’inauguration de l’allée Jacques Brel, dans le 19e arrondissement de Paris. (Paris, le 19 juillet 2019.)
Lafargue Raphael/ABACA
47 ans après la mort de son père, France Brel décide de raconter les quatre dernières années de la vie du chanteur dans plusieurs documentaires. Celle qui gère aujourd’hui son héritage artistique a accepté de se confier dans les colonnes du Parisien.
Elle a attendu 47 ans avant de raconter sa vérité. France Brel, la deuxième fille de Jacques Brel, issue de son mariage avec Thérèse Michielsen, dite Miche, s’apprête à dévoiler les dernières années de la vie du chanteur, décédé le 9 octobre 1978 d’un cancer du poumon, dans quatre documentaire. Les trois premiers seront visibles à la Fondation Brel, à Bruxelles, et le dernier sera dévoilé au printemps 2026. En attendant, celle qui gère l’héritage musical de son père a accepté de se confier dans les colonnes du Parisien . Elle remonte alors à l’année 1975, lorsque Jacques Brel accostait aux Marquises, après un mois de navigation à bord de son voilier, l’«Askoy», avec sa dernière compagne, Maddly Bamy. Un lieu qui sera sa dernière demeure.
À l’époque, France a 21 ans et accepte de suivre son père. Elle espère que ce voyage lui permettra de resserrer ses liens avec ce dernier. «J’allais enfin pouvoir approcher cet homme. Les enfants, ça ne l’intéressait pas. Il était plus doué pour chanter devant 10.000 personnes que pour aller parler à ses filles», a-t-elle confié au quotidien français. «Moi, enfant, ado, j’étais un peu à côté de mes pompes. Et Jacques était finalement quelqu’un de normal. Il ne trichait pas. D’ailleurs il m’avait dit : “On va faire le tour du monde. Mais je te préviens, il y aura des femmes dans les ports”.»
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«J’avais avec mon père des complicités de regards»
Finalement, le voyage ne se passe pas comme prévu. Au dernier moment, France apprend que Maddly – qu’elle avait rencontré une seule fois sur le tournage du film, Far West – fera aussi partie de l’aventure. «C’était compliqué pour moi. Aux escales, mon père me demandait d’envoyer ses courriers à ma mère et à son autre compagne, Monique, qui n’avait pas pu venir. Sans le dire à Maddly, bien sûr», a raconté France. «Sur le bateau, j’avais avec mon père des complicités de regards. Il me faisait parfois comprendre à demi-mot qu’il acceptait sa présence mais qu’il était à la manœuvre. Il m’a dit “France, l’important est de savoir par qui on se fait avoir”. Tout était dit.» Finalement, France ne continuera pas le voyage. Le 29 janvier 1975, elle débarque du voilier, lors d’une escale à Fort-de-France en Martinique, après une dispute avec son père.
«Il était humanitaire, moi silencieuse»
Après ce long séjour en mer, Jacques Brel s’installera avec Maddly aux Marquises et ne recontactera pas sa fille. «Il avait coupé les ponts. Mais je n’ai aucun regret dans la vie. Mon père faisait ce qu’il voulait. Il était humanitaire, moi silencieuse», a raconté France Brel au Parisien ajoutant que la relation entre ses parents était aussi très compliquée. «Dès leurs fiançailles en 1949, ma mère lui écrivait que ce qui comptait pour elle, c’était d’être à ses côtés. Elle ne voulait pas peser et être une chaîne pour lui. Elle a été comme cela jusqu’au bout.» C’est d’ailleurs aux Marquises que Jacques Brel a été enterré après sa mort. Mais contrairement à ce que pense le public, la famille du chanteur n’a pas été conviée.
En effet, les relations avec Maddly étaient compliquées et en 1998, un procès a opposé la dernière compagne du chanteur à la famille de France à propos de la pierre tombale. «Tout le monde pense que nous avons pris l’avion pour les Marquises, mais nous n’y avons pas été invités», a avoué la fille cadette du chanteur. «Après sa mort, ma mère, mes deux sœurs (Chantal et Isabelle, ndlr) et moi sommes reparties à Bruxelles. Seuls Maddly, sa mère et l’imprésario de Jacques (Charley Marouani) sont partis avec son cercueil.» Ce n’est qu’en 2000, 22 ans après le décès de Jacques Brel et juste après le départ de Maddly de l’île, que France décidera de se rendre pour la première fois sur la tombe de son père.