Par

Léa Pippinato

Publié le

16 nov. 2025 à 20h49

Quand la salle s’est éteinte, le silence a duré trois secondes. Puis un couteau a glissé, un verre a tinté. C’est là que tout a vraiment commencé. Au Pasino de La Grande-Motte, la grande soirée Les Étoiles Dans Le Noir 2025 a rassemblé 300 acteurs économiques au profit de France Défi Vision. Le gala a proposé un concert de jazz, une vente aux enchères et une expérience rare : un dîner gastronomique dans l’obscurité absolue. Pas de lumière tamisée, pas de halo résiduel. Les invités ont porté un bandeau sur les yeux.

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Cette immersion avait un but clair. Elle ouvrait une fenêtre sur le quotidien des personnes atteintes de déficience visuelle. « Nous voulions une sensibilisation directe, sans discours théoriques. Nous avons misé sur le vécu », a expliqué l’organisateur Jérôme Boscus, vice-président de France Défi Vision.

Un dîner dans un noir complet qui bouscule

Une fois les yeux couverts, la salle a basculé dans un monde sans repères. Le bruit est devenu plus fort. Le public a entendu les couverts, les verres, les chaises. Chaque choc semblait amplifié. Les conversations ont perdu leur fluidité. S’adresser à une personne inconnue sans voir son visage a perturbé de nombreux convives. Il était difficile d’identifier une voix, de savoir si elle venait de la gauche ou de la droite. Certains ont hésité avant de répondre. Les chefs Jacques Mazerand, Gérard Cabiron et Alexandre Caillaud avaient construit le menu pour créer ces surprises. Le traiteur Frédéric Husser en a assuré la réalisation.

Les invités tentent d’identifier les textures et les saveurs sans repère visuel.
Les invités tentent d’identifier les textures et les saveurs sans repère visuel. (©Métropolitain / LP)Vidéos : en ce moment sur Actu

Le gala a proposé une tombola dotée de plus de 6000 euros de lots : nuitées, repas dans les plus grandes tables régionales, activités culturelles, loisirs et deux vélos électriques d’une valeur totale de 1500 euros. « Les billets sont à 30 euros. Le reçu fiscal ramène ce montant à dix euros. C’est un geste pour une cause essentielle », a rappelé Jérôme Boscus. Le caricaturiste Dadou a apporté une touche plus légère. Il a croqué convives et personnalités tout au long de la soirée. « Venez me voir, je pourrai vous dessiner ou partir de vos photos. C’est peut-être l’occasion de préparer un cadeau ! » Une partie de la vente de ses dessins et de son dernier livre sur les Jeux Olympiques a été reversée à l’association.

Le caricaturiste Dadou réalise un dessin en direct devant les participants.
Le caricaturiste Dadou réalise un dessin en direct devant les participants. (©Métropolitain / LP)

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Un projet majeur pour l’Occitanie

L’annonce centrale de la soirée a concerné la création de l’École de chiens guides et d’assistance Montpellier Occitanie. Elle ouvrira en janvier et formera des chiens guides, mais aussi des chiens d’assistance pour d’autres handicaps et troubles. Les locaux seront mis à disposition par la Ville de Montpellier, le projet, parrainé par Patrice Canayer. Thierry Jammes, président de France Défi Vision, a souligné l’urgence : « En Occitanie, il faut aller à Marseille ou Toulouse pour obtenir un chien-guide. Le délai dépasse souvent deux ans. Nous voulons le réduire. Une autonomie ne peut pas attendre deux ans. » Le gala a permis de dégager environ 30 000 euros.

Jérôme Boscus présente les objectifs du gala devant les invités.
Jérôme Boscus présente les objectifs du gala devant les invités. (©Métropolitain / LP)

Le groupe Vetocia – Languedocia a officialisé un partenariat complet pour assurer le suivi vétérinaire de l’école. Cette collaboration, esquissée il y a un an, s’est concrétisée au fil des mois. Le dispositif couvre les soins en clinique, les interventions spécialisées et le suivi médical continu.La soirée a accueilli Thérésa Da Mota, sportive atteinte de rétinite pigmentaire, qui vit et travaille avec son chien guide depuis deux ans. « Elle me donne une liberté énorme. Elle connaît une cinquantaine de commandes et évite tous les obstacles. Je lui fais une confiance totale. » Thérésa Da Mota a rappelé la réalité du quotidien : fatigue du chien, rythme soutenu, vigilance constante. Sa chienne s’était d’ailleurs reposée avant de rejoindre la salle. Son témoignage a apporté une dimension intime et concrète au projet.

Thérésa Da Mota parle de son quotidien avec son chien-guide.
Thérésa Da Mota parle de son quotidien avec son chien-guide. (©Métropolitain / LP)

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