Deux soirées festives devaient avoir lieu ce weekend des 21 et 22 novembre 2025 à l’aéroport de Rouen. Elles ne se tiendront finalement pas. Les organisateurs ciblent la mairie de Boos, qui se défend de toute mauvaise volonté liée au lieu.

Ce week-end, vendredi 21 et samedi 22 novembre au soir, de 18 heures jusqu’à trois heures du matin, l’aéroport de Rouen – Vallée de Seine, situé à Boos, aurait dû accueillir deux grandes soirées disco et électro. Huit cents personnes rassemblées devant un DJ dans l’aérogare, bâtiment vitré d’accueil des lieux, face à un jet privé, que, selon l’un des coorganisateurs, l’exploitant des lieux aurait pu placer pour donner encore plus de sensations dans ce lieu d’ordinaire peu propice à la fête.

« Tout tombe à l’eau »

Des billets à 33 euros vendus, des artistes réservés comme Bambounou, Undeux, Theos Music ou Aerae, plusieurs milliers d’euros déjà engagés. Cinquante bénévoles, 20 agents de sécurité, des commerçants locaux mobilisés pour la restauration, des navettes pour revenir sur Rouen. Mais de tout cela, il n’y aura rien.

L’association organisatrice, Hors Club, annonce dans un communiqué diffusé ce mercredi 12 novembre que tout tombe à l’eau : « Nous n’avons pas pu obtenir d’accord de la mairie pour la tenue de l’événement, notamment en ce qui concerne le débit de boissons », est-il notamment indiqué : « Malgré nos démarches et notre volonté de trouver un terrain d’entente avec la mairie de Boos, aucune solution satisfaisante n’a pu être trouvée pour permettre la tenue de l’événement dans de bonnes conditions. »

Imbroglio autour des autorisations nécessaires

Selon les organisateurs, la mairie fait pression pour que l’événement ne se tienne pas. Ce que réfute le maire, Bruno Grisel, qui estime plutôt avoir eu affaire à des personnes peu expérimentées : « C’était trop amateur, indique-t-il, à la mairie. Les règles de base de sécurité n’étaient pas posées du tout, il n’y avait aucune autorisation demandée, pas de contrat avec l’exploitant des lieux, Sealar, juste une demande déposée. »  Selon lui, il faut obtenir des autorisations des pompiers, question de « changement de destination du bâtiment », via la mairie, et une autorisation de la police de l’air et des frontières. Et faire tout cela plus en amont que deux semaines avant l’événement.

Selon un proche de l’organisation, tout était pourtant en règle : l’exploitant était d’accord, pour l’organiser dans ce bâtiment qui a déjà accueilli des expositions ou des événements privés, la sécurité adaptée et l’événement se limitant à l’aérogare et non au tarmac, pas besoin d’autorisations spécifiques aux lieux. Malgré tout, le maire nous l’affirme : « 800 personnes rassemblées dans un hall d’aérogare, cela me parait un peu limite. J’ai pris la décision pour la sécurité des biens et des personnes de ne pas valider cette manifestation. »

Mais que signifie « ne pas valider » l’événement ? Pour les organisateurs, la mairie a menacé d’interdire le débit de boissons lors de l’événement si ce dernier avait bien lieu à l’aéroport. Ce qui aurait constitué un manque à gagner trop important pour l’association, qui a donc pris la décision de l’annuler, à une semaine environ des festivités. « On essaye de faire des choses qui plaisent à tous, là, ce n’était manifestement pas le cas », indique notre proche des organisateurs.

Il est vrai que Hors Club semble prévenir tout le monde un peu tard, et semble avoir engagé des dépenses un peu trop rapidement. L’organisateur déplore 12.400 euros de pertes non remboursables, sur 30.000 euros d’investissements. Trop pour cette association, déjà contrainte d’annuler un événement autour de Sotteville-lès-Rouen pour des raisons météorologiques après un premier événement sur le toit des Docks rouennais, et qui a donc annoncé cesser ses activités. Hors Club n’a pas souhaité répondre à nos questions.

Quel futur pour l’aéroport de Rouen ?

Tout cela pose la question de l’utilisation de l’aéroport, qui a accueilli seulement 1.600 passagers en 2024, selon l’Union des aéroports français, contre plus de 20.000 six ans plus tôt, avant la fermeture des lignes commerciales vers Lyon ou la Corse. À titre de comparaison, l’aéroport de Caen a accueilli 291.000 passagers l’an dernier, près de 80.000 à Deauville, 9.400 au Havre-Octeville. Une infrastructure qui coûte plusieurs centaines de milliers d’euros d’argent public chaque année pour une faible utilisation, à majorité pour du trafic sanitaire, voire économique.

« Il y a déjà eu des manifestations culturelles à l’aéroport, détaille Bruno Griset. Des expositions, des salons, on n’est pas contre du tout, mais cela doit être carré ». On comprend, ceci étant, que des soirées électros, cela ne l’attire que moyennement : « Cela reste un aéroport, une zone fermée où tout avion peut atterrir à tous moments. Des manifestations d’accord, mais il faut garder une base aéroportuaire, tient-il à préciser. La direction de l’aéroport et son exploitant n’ont pas répondu à notre sollicitation.

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