Une vente aux enchères d’objets liés à la Shoah prévue ce lundi en Allemagne a été annulée à la dernière minute après avoir déclenché une tempête diplomatique. La maison Auktionhaus Felzmann devait proposer plus de 600 artefacts en lien avec l’Holocauste, dont des lettres déchirantes écrites par des Juifs dans les camps de concentration à leurs proches – parfois quelques instants avant leur assassinat, rapporte le New York Post. 

Baptisée « Le système de la terreur », cette vente devait inclure des archives de la Gestapo et des correspondances personnelles identifiant les victimes par leur nom complet. La transformation de ces souvenirs parmi les plus intimes et douloureux en marchandise a provoqué l’indignation, notamment en Pologne, pays sur le sol duquel furent construits de nombreux camps d’extermination nazis.

L’intervention diplomatique a été immédiate. Radoslaw Sikorski, vice-Premier ministre polonais, a annoncé l’annulation de cette vente « offensive » après une discussion houleuse avec le ministre allemand des Affaires étrangères, qui a convenu qu’« un tel scandale devait être évité ».

Christoph Hübner, vice-président de la Commission internationale d’Auschwitz, a dénoncé cette initiative sans détour : « Pour les victimes des persécutions nazies et les survivants de l’Holocauste, cette vente aux enchères est une entreprise cynique et honteuse. Leur histoire et leurs souffrances sont exploitées à des fins commerciales. »

Christoph Hübner a exhorté la maison de vente à restituer les documents aux familles ou à les transférer à des musées : « Nous appelons les responsables à faire preuve d’un minimum de décence. » Face à la polémique, Auktionhaus Felzmann a fermé ses portes et retiré l’annonce de son site internet.

Video poster Mémorial de Yad Vashem : 5 des 6 millions de juifs assassinés pendant la Shoah identifiés

Ce type de commerce n’est malheureusement pas nouveau. En 2019, une maison de vente aux enchères munichoise avait ignoré la condamnation internationale pour vendre des effets personnels d’Adolf Hitler, dont un chapeau haut-de-forme et un exemplaire de « Mein Kampf », pour des centaines de milliers d’euros.

Israël n’a pas été épargné par ce phénomène. En 2021, une maison de vente aux enchères de Jérusalem avait tenté de vendre un lot de tampons ayant servi à tatouer des numéros sur les bras des prisonniers d’Auschwitz. Yad Vashem avait qualifié cette vente d’« inacceptable moralement », et seule une intervention judiciaire avait permis d’y mettre fin.