Pour les autorités cela ne fait aucun doute. Le Premier ministre polonais Donald Tusk a confirmé, lundi 17 novembre, qu’une explosion était survenue dimanche sur une voie ferrée en Pologne et que celle-ci était intentionnelle. «Malheureusement, nos pires craintes se sont confirmées. Sur la ligne Varsovie-Lublin, un acte de sabotage a eu lieu», a déclaré Donald Tusk. «Un engin explosif a détruit la voie ferrée», a-t-il encore affirmé en dénonçant «un acte de sabotage sans précédent visant la sécurité de l’État polonais et de ses citoyens». L’ancien président du Conseil européen, présent sur le lieu de l’explosion à Mika (à 100 km au sud-est de Varsovie), a par ailleurs annoncé que «des dégâts ont également été constatés sur le même itinéraire, plus près de Lublin».

Si le premier incident est formellement identifié comme un acte de sabotage par les autorités, l’enquête doit encore déterminer si ce second cas l’est également – ce que le ministre de l’Intérieur Marcin Kierwiński a toutefois d’ores et déjà considéré comme «hautement probable».

Dans la foulée des déclarations du chef du gouvernement polonais, le ministre de la Défense a précisé que l’armée allait désormais inspecter la sécurité des 120 km restants de la voie ferrée menant à la frontière avec l’Ukraine. Car cette ligne est effectivement celle qui mène de la capitale polonaise à la frontière ukrainienne, ce qui a fait d’elle un axe stratégique pour l’acheminement de l’aide occidentale apportée au pays de Volodymyr Zelensky, agressé par la Russie depuis 2022. Elle pourrait donc avoir été visée à d’autres endroits.

Si l’enquête ouverte par les autorités polonaises est en cours d’instruction, de forts soupçons pèsent sur la Russie, responsable d’une vague d’incendies criminels, de sabotages et de cyberattaques qui a frappé la Pologne et d’autres pays européens depuis le début de la guerre en Ukraine. Varsovie a d’ailleurs plusieurs fois tenu le Kremlin responsable d’actes de déstabilisation et régulièrement estimé que la Pologne était devenue l’une des plus grandes cibles de Moscou en raison de son rôle de plaque tournante pour l’aide à Kyiv. Ce que la Russie a toujours nié.

Ce lundi, Donald Tusk n’a pas mis en cause le Kremlin pour le moment mais a toutefois bien rappelé que «cette route [était] utilisée pour transporter des armes vers l’Ukraine». Le Premier ministre polonais considérant par ailleurs que, plus qu’un simple sabotage des voies, l’explosion avait «très probablement» pour but de «faire sauter un train» et qu’il s’agissait bel et bien d’«une tentative de déstabiliser et de détruire l’infrastructure ferroviaire, ce qui aurait pu conduire à une catastrophe ferroviaire».

Sans mentionner précisément la Russie, le ministre polonais des services de sécurité, Tomasz Siemoniak, a de son côté affirmé que le pays avait «affaire aux services [de renseignement] d’un État étranger, et non à une bande de voleurs de ferraille». Il a aussi affirmé que la Pologne pourrait modifier – vraisemblablement relever – son niveau d’alerte, précisant qu’un comité de spécialistes examinerait la question et «transmettrait ses recommandations» au Premier ministre plus tard dans la journée.

Mis à jour à 15 h 13 avec les déclarations du ministre de l’Intérieur et du ministre des services de sécurité.