Les dés étaient quasiment jetés depuis mercredi dernier. Devant les faiblesses identifiées à l’audience concernant l’offre présentée par Europlasma, le tribunal de commerce de Strasbourg a retenu la proposition du consortium piloté par l’industriel français Métal Blanc. Celui-ci ne reprend que l’usine de Leffrinckoucke, près de Dunkerque et sauve 150 emplois sur les 700 que compte actuellement NovAsco en France. Trois des quatre sites de l’aciériste vont donc être liquidés, près de 550 salariés vont perdre leur emploi.
37 salariés perdent leur emploi à Saint-Etienne
Parmi eux, les 37 salariés stéphanois de NovAsco le Marais. Avant cet ultime épisode, ils avaient déjà vécu trois redressements judiciaires en 10 ans. Et s’ils avaient espéré un moment que leur entreprise serait une nouvelle fois sauvée, ils avaient dû déchanter au fil de semaines en voyant les offres de reprise se réduire finalement à une seule proposition concernant le site du Marais. Offre dont ils avaient bien compris, dès la semaine dernière, qu’elle ne serait pas retenue par le tribunal de commerce.
Ils s’y étaient préparés durant ce week-end qui leur a sans doute semblé une éternité, et durant toute cette journée de lundi où ils ont attendu avec impatience jusqu’à 16 h 30 la communication officielle du délibéré annoncée initialement pour 9 heures ; il n’empêche que la nouvelle est difficile à encaisser pour ces travailleurs dont la plupart affiche de très nombreuses années d’ancienneté. « C’est compliqué à vivre évidemment même si on s’y était résigné ces derniers jours », commente Loïc Devis, représentant CFDT du CSE de NovAsco le Marais.
Une décennie de difficultés
Cette décision intervient un an après la reprise d’Ascométal par le fonds de retournement britannique Greybull. Celui-ci avait alors obtenu un prêt de l’État de 85 M€ et s’était engagé à injecter 90 M€. Engagement qui n’a jamais été concrétisé. Devant le non-respect de cet engagement, Sébastien Martin, ministre délégué en charge de l’Industrie, a annoncé ce matin à l’AFP qu’il allait impulser une action en justice. « J’estime que Greybull doit aux salariés […] 88,5 M€. […] L’impunité pour les fonds d’investissement, c’est terminé », a indiqué le ministre.
Initiative positive mais trop tardive, estime Loïc Devis, le secrétaire du CSE de l’usine stéphanoise. « Dès cet été, l’État aurait dû réagir. Je suis en colère contre Greybull, c’est un vrai gâchis ». Les salariés devraient recevoir leur lettre de licenciement début décembre.
Un tout dernier espoir
Reste néanmoins un petit espoir. Une toute petite flamme à laquelle les salariés stéphanois de NovAsco veulent se raccrocher : celle d’une éventuelle reprise post-liquidation par un industriel qui pourrait être intéressé par leur seul site.
« Nous discutons en ce sens avec des représentants de l’État mais il faudrait que ça aille vite. L’espoir est très faible mais nous allons nous y accrocher. Nous aurons le temps de baisser les bras quand il n’y aura plus aucune lumière ».