Un pour cent. C’est la part du budget parisien qui, selon la trentaine d’associations réunies au sein du collectif Le Revers, suffirait à changer la vie des personnes sans abri et à « provoquer un choc de solidarité. »
Le calcul, posé par Paul Alauzy, coordinateur de la mission exil de Médecins du monde Paris, s’appuie sur les données municipales : sur les 11,5 milliards d’euros dont disposait la Ville en 2025, 110 millions permettraient d’appliquer un plan de prise en charge qui « pourrait tout changer » pour les personnes à la rue.
Et ce plan s’ancre dans un constat répété par tous les acteurs de terrain. Selon le coordinateur de Médecins du monde, « les personnes sans domicile sont toujours à l’angle mort », dans un contexte marqué par « une stigmatisation croissante des personnes à la marge » et par « une montée des conservatismes. »
Dans l’aide alimentaire, le constat est le même. « Chaque jour, ce sont 35 000 repas qui sont distribués », rappelle Ninon Coz Elleouet, de La Chorba, association de l’aide alimentaire parisienne. Elle décrit « des besoins qui explosent », « des files qui s’allongent », et un recours annuel massif à l’aide de « 90 000 à 100 000 personnes ». Une situation qui, pour les bénévoles comme pour les salariés, devient difficilement tenable.
« On pourrait faire autrement »
À l’approche des municipales, le collectif a donc choisi de se remobiliser pour inscrire ces réalités au cœur du débat public. Le plan présenté comporte douze mesures, de l’urgence à l’insertion. « Vous réunissez plus d’une trentaine d’assos de terrain et vous leur demandez ce qu’il faudrait pour bouleverser la vie des personnes sans domicile, et vous obtenez ce plan », résume Paul Alauzy. Quatre mesures concernent directement l’hébergement et le logement. Elles visent à mettre à l’abri 2 800 personnes sur les quelque 3 500 recensées lors de la dernière Nuit de la Solidarité, dont 600 mineurs non accompagnés.
« Cela fait des années qu’on agit, qu’on envoie des mails, sans qu’aucune solution pérenne ne soit trouvée », explique Charlotte Kwantes, d’Utopia 56. Par conséquent, le plan demande la création de structures dédiées pour ces jeunes, ainsi qu’une hausse de la production de logements sociaux « de 27 % à 30 % », avec rattrapage des arrondissements en retard, en particulier dans l’Ouest parisien.
Le volet santé, porté notamment par Médecins du monde, appelle à renforcer les centres municipaux, améliorer leur répartition et garantir des moyens pour la santé sexuelle, reproductive, la santé mentale et la réduction des risques. Acceptess-T, association engagée auprès des travailleuses et travailleurs du sexe, demande pour sa part l’arrêt des politiques locales « qui exposent les travailleuses du sexe à la répression et à la clandestinité ». La Chorba insiste sur la nécessité d’une aide alimentaire « régulière et suffisante. » Au fil des interventions, une même idée revient : des solutions existent. « On peut faire autrement, conclut Paul Alauzy. Les campements à Paris, ce n’est pas une fatalité. »
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