Par

Lisa Rodrigues

Publié le

17 nov. 2025 à 10h40

Ce n’est pas la première fois qu’une fusillade en lien avec le trafic de stupéfiants se produit dans le quartier Chorier-Berriat à Grenoble. Cette fois-ci, c’est un adolescent âgé de 13 ans qui a été la cible de tirs dans la nuit du samedi 15 au dimanche 16 novembre, à proximité de zones connues pour ses points de deal.
D’après le parquet de Grenoble, le garçon a été touché par trois balles, « une dans le dos, deux dans les jambes ». Plongé dans le coma depuis dimanche matin, son pronostic vital est toujours engagé en ce début de semaine.
Une enquête pour tentative de meurtre, confiée à la DCOS de l’Isère (Division de la criminalité organisée et spécialisée, anciennement police judiciaire), a été ouverte. 

Connu sous plusieurs identités

Celle-ci a déjà soulevé des interrogations concernant le profil de la jeune victime. « Son identité n’est toujours pas certaine à cette heure », pas plus que son âge, précise le parquet de Grenoble dans un communiqué.

Il est connu dans les fichiers police sous diverses identités pour trafic de stupéfiants en région parisienne et à Grenoble. Lors de ces procédures successives, il a dit être marocain puis algérien, et être né en 2013, 2012, 2011.

Parquet de Grenoble

L’adolescent a également été contrôlé en octobre dernier sur le point de deal de Saint-Bruno, dans le même quartier, avec 75g de résine de cannabis, 25g de cocaïne et de l’argent liquide, poursuit le parquet. « Il était convoqué devant le tribunal pour enfants de Grenoble le 10 décembre 2025 » pour détention et offre ou cession de stupéfiants.

Mineur isolé

Si les auteurs des tirs sont toujours en fuite ce lundi matin, un « individu se présentant comme son grand frère s’est présenté à l’hôpital, indique le parquet de Grenoble. Cette personne, connue également de la police sous plusieurs alias, est convoquée devant le tribunal correctionnel de Grenoble le 18 novembre pour des faits de trafic de stupéfiants. »

Selon les enquêteurs, le jeune garçon a été pris en charge par les services du département de l’Isère en tant que mineur non accompagné et a été hébergé plusieurs fois en foyer, mais « a très rapidement fugué ».

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En arrêt cardio-respiratoire sur les lieux

Pour rappel, des riverains ont alerté les forces de l’ordre vers 3 heures du matin dimanche, après des coups de feu entendus au croisement de la rue du Drac et de la rue Boucher-de-Perthes.

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Là, les secours retrouvent la jeune victime en arrêt cardio-respiratoire. L’adolescent est réanimé avant d’être transporté à l’hôpital avec son pronostic vital engagé.

Sur place, sont également retrouvés 9 étuis de 9 mm, une ogive écrasée et un fragment de chemisage. « L’enquête de voisinage n’a pas permis d’identifier de témoin visuel » des tirs, ajoute le parquet de Grenoble.

Une nouvelle fusillade en lien avec le narcotrafic

En 2024, le quartier et notamment la place Saint-Bruno ont été le théâtre de plusieurs fusillades en lien avec le trafic de stupéfiants, les autorités évoquant alors une « guerre des gangs ».

La préfète de l’Isère Catherine Séguin s’est félicitée en septembre dernier, aux côtés du procureur de Grenoble Étienne Manteaux, d’une baisse importante des agressions par armes à feu dans la métropole iséroise cette année : 11 depuis le début 2025, dont un assassinat, contre 34 en 2024 avec un total de 7 morts.

Avec 28 points de deal recensés dans l’agglomération en septembre contre 41 en 2023, la préfète de l’Isère a vanté les mérites de la « politique de harcèlement » des forces de l’ordre contre le narcotrafic.

Catherine Séguin a annoncé dimanche le « renforcement immédiat du dispositif de sécurité publique dans le quartier » après la « tentative de meurtre » de l’adolescent. « Une force mobile appuiera dès [dimanche] soir les effectifs locaux de la police nationale déjà présents. »

Les « petites mains » du trafic

Selon la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) en 2024 en France, 61% des condamnés pour infractions liées aux drogues étaient âgés de 15 à 25 ans et près de 10 000 mineurs étaient impliqués dans des affaires de trafic de stupéfiants.  

L’âge moyen des « petites mains » employées par les réseaux criminels se situe autour de 15-16 ans avec un recours accru à de très jeunes mineurs, parfois âgés de dix ans, souligne la Mildeca.

La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a assuré dimanche sur BFMTV que la « lutte contre les points de deal et le narcotrafic » était une « priorité » et que l’État « ne faiblira pas ».

Avec AFP

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