L’Europe a besoin de plus de souveraineté et de moins de bureaucratie et de règles bancaires qui la freinent, a plaidé lundi 17 novembre 2025 le chancelier allemand Friedrich Merz, à la veille d’un sommet sur le numérique à Berlin, avec Emmanuel Macron, comme le rapporte l’Agence France-Presse (AFP).

Associer la souveraineté à l’Europe « était à l’origine une formulation française plutôt qu’allemande », mais « je m’en empare aujourd’hui parce que je considère que c’est nécessaire », a déclaré le dirigeant allemand lors d’un forum économique à Berlin organisé par le quotidien bavarois Süddeutsche Zeitung.

Devenir plus souverains et indépendants

« Nous devons devenir plus souverains et indépendants dans de nombreux domaines politiques et économiques », a déclaré le chancelier, soulignant que l’Allemagne et l’Europe ne peuvent plus « se reposer sur le fait que l’Amérique nous défend, que la Chine nous fournit les matières premières, ou que la Russie sera un jour garante de la paix », a-t-il martelé.

La crise énergétique née de l’invasion russe de l’Ukraine, la pénurie de certaines matières premières et la position dominante de la Chine dans les secteurs clés (semi-conducteurs, batteries, terres rares) ont mis en évidence la vulnérabilité de l’Europe et en particulier du modèle industriel allemand.

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« Monstre bureaucratique »

Le chancelier a également dénoncé les lourdeurs administratives qui freinent le marché unique européen. Selon lui, le marché unique lancé il y plus de quarante ans s’est transformé en « monstre bureaucratique » perçu par les entreprises comme un frein à leurs affaires plus qu’un espace d’opportunités.

Le dirigeant allemand s’est targué à cet égard d’être à l’initiative d’un Conseil extraordinaire des dirigeants européens prévu le 12 février et qui sera consacré à la compétitivité de l’industrie européenne et la réduction de son fardeau bureaucratique.

Friedrich Merz a par ailleurs jugé « trop rigoureuse » la régulation des banques en Europe, lors d’un discours prononcé dans l’après-midi devant un congrès bancaire à Francfort. Les mesures prises après la crise financière de 2008-2009 pour renforcer la solidité des bilans bancaires « restent justes », mais « ce que nous voyons actuellement aux États-Unis et dans d’autres régions du monde, y compris dans d’autres parties de l’Europe, offre bien plus de possibilités de financement des entreprises que chez nous », a-t-il soutenu.

Faciliter l’apport d’argent aux entreprises

Un exemple qu’il aime citer : la société allemande BioNTech, dont la fulgurante ascension est liée à son vaccin développé contre le Covid à base d’ARN messager, a choisi le Nasdaq à New York pour lever des capitaux. Le chancelier ne veut « plus accepter » que ces entreprises se tournent vers le marché américain pour financer leur croissance, d’où son appel réitéré à un « marché financier européen performant et efficace », incluant une place financière européenne pour concurrencer ses rivales américaines et asiatiques.

L’Union des capitaux, rebaptisée Union de l’épargne et de l’investissement, véritable serpent de mer des sommets des 27, prévoit d’harmoniser les réglementations des différentes bourses européennes. L’objectif est de canaliser l’épargne européenne vers des investissements qui renforcent la compétitivité des entreprises et soutiennent les transitions numérique et écologique.