C’est un rendez-vous incontournable pour tous les élèves : la photo de classe. À Beauzelle, au nord de Toulouse (Haute-Garonne), « Comme une image » est spécialisée dans la photographie scolaire depuis 30 ans. L’entreprise nous a ouvert ses portes et dévoilé les coulisses de ces fameuses photos.

C’est un petit local où s’affairent une vingtaine de personnes : des photographes, des retoucheurs, des employés chargés de la mise sous pochette des photos et des envois. Une ruche qui est en pleine effervescence depuis début septembre, période qui marque le début de la saison des photos de classe. L’homme-orchestre qui dirige tout ce petit monde s’appelle François Miquel. Ce sémillant photographe a fondé Comme un image il y a 30 ans. Une entreprise de photographie scolaire qui réalise les photos d’environ 25% des crèches et des établissements scolaires de la Haute-Garonne.

Des enfants tirés aux quatre épingles

Ici, on fait tout de A à Z : la prise de vue dans les écoles, le tirage des photos et la mise sous pochette des commandes. En cette mi-novembre, le laboratoire est en plein pic d’activité : « On fait quasiment les 3×8 ! », s’exclame le patron. Le grand rush des photos de classe dure trois mois : « Les fêtes de Noël arrivent, les familles aiment bien envoyer des photos aux papis et aux mamies pour leur souhaiter les meilleurs vœux. » Des photos de classe sur lesquelles les enfants sont parfois très apprêtés : « On a des écoles où c’est vraiment le grand jour ! Les enfants ont des petits noeuds, certains ont même des petites cravates, c’est trop mignon ! » sourit François Miquel.

En revanche, les photos prises dans les crèches ont tendance à être beaucoup moins parfaites, au grand dam des parents : « Ils nous disent souvent que leur enfant a le t-shirt taché ou a un peu de morve qui lui tombe du nez… Mais nous, on ne peut pas moucher les enfants, si le personnel de la crèche est occupé avec d’autres enfants, on fait avec ! »

Des photos de classe dont le style est parfois un peu suranné. Et c’est précisément ce qui fait leur charme pour François Miquel , « oui, ça a parfois un côté un peu kitsch. Par exemple, on fait des photos en situation : les enfants sont sur un petit bureau en bois, avec un crayon en train de faire un semblant d’écrire. Mais ce genre de poses plaît toujours et c’est rigolo ! »

« Merci Photoshop ! »

Comme une image propose donc aux familles des portraits de leurs enfants, mais aussi les traditionnelles photos de groupe. Des clichés qui sont « à 70 % retouchés », affirme François Miquel : « Sur une photo de groupe, vous pouvez être sûr qu’il y a au moins deux enfants qui ferment les yeux. Donc, on fait quatre ou cinq prises de vues et on change les têtes de ceux qui ont les yeux fermés de manière à faire un groupe parfait. Merci Photoshop ! »

Des retouches qui sont notamment effectuées par Julie, une des retoucheuses qui œuvre avec une dextérité impressionnante : « Je sélectionne la tête que je souhaite intégrer à la photo de groupe puis je la colle sur l’image de base. Là, par exemple, je retravaille la zone de la bretelle de cette petite fille pour que le raccord soit bon. Et je replace correctement ses cheveux : il faut qu’elle soit parfaite et que la retouche soit invisible. »

Il y a aussi les petits plaisantins qui n’échappent pas au regard de Dominica, une autre retoucheuse : « Sur cette photo, j’ai un garçon qui a un majeur sur la joue. Je vais donc retoucher sa main pour ajouter un doigt sur son visage. » Intentionnel ou pas, pas question de laisser passer un geste équivoque.

illustration agrandir l'image François Miquel et une partie de son équipe © Radio France – Claudia Calmel Les adolescents parfois récalcitrants

Globalement, les enfants rencontrés par les photographes de Comme une image qui se laissent facilement tirer le portrait. Sauf, peut-être, certains collégiens, s’amuse François Miquel : « Les rebelles, ce sont plutôt les 3e : ils jouent un peu aux grands, ils ne veulent pas être photographiés sous tel ou tel angle… et puis, c’est l’âge ingrat. Ils sont parfois un peu pénibles, mais on arrive à en rire avec eux. »

La photo de classe a toujours autant de succès

Mais qu’est-ce qui fait l’inaltérable succès Des photos de classe ? Au fil de ses années d’expérience, François Miquel a analysé cet attachement : « C’est sont de fabuleux souvenirs : on ne garde pas les photos d’identité parce qu’on a une sale tête dessus, mais on garde les photos de classe. C’est rigolo, même si on a une mauvaise tête, ou mème si on est en train de faire le zouave. C’est une routine qui est ancrée. Et même si on a 10.000 photos de nos enfants sur nos téléphones, la photographie scolaire, c’est différent. Ça vient de l’école, ça marque une année : un CP mémorable, une 3e qui s’est mal passée, une entrée dans le grand lycée. »

François Miquel voit aussi des raisons économiques au succès des photos de classe : « Il y a très peu de personnes qui vont aller chez le photographe et qui vont pouvoir s’acheter 200 ou 300 euros de portraits. Je ne dirais pas que c’est l’équivalent, ce n’est pas de la photo de studio. Mais les gens ont quand même de jolis portraits pour 18 ou 20 euros. »

En France, les familles dépensent en moyenne 21 euros par an pour les photos de classe. En général, 30% de cette somme revient à l’établissement scolaire, le reste est reversé aux photographes.