C’est la douche froide. En 2025, de nombreuses raffineries russes, ainsi que de nombreux dépôts et pipelines, ont été frappés par l’Ukraine, principalement en début d’année puis à partir du mois d’août. Au pic de l’offensive, 20% des capacités théoriques de raffinage russe avaient été mises à l’arrêt. Mais, selon les révélations de l’agence de presse Reuters, Moscou est parvenu jusqu’ici à juguler l’impact de ces attaques grâce à ses capacités annexes de raffinage.
« [Entre août et octobre], [les attaques ukrainiennes] n’ont entraîné qu’une baisse de 6 % des volumes de raffinage russes, à environ 5,1 millions de barils par jour – une réduction d’environ 300 000 barils par jour par rapport à la même période l’année précédente, dévoile Reuters. Plus globalement, de janvier à octobre, le traitement du pétrole a chuté à environ 220 millions de tonnes (5,2 millions de barils par jour), en baisse de 3 % par rapport à l’année précédente. »
Plan B
Avant les attaques de drones ukrainiens, la plupart des raffineries russes étaient loin de fonctionner à pleine capacité. Après les attaques, elles ont limité l’impact des frappes en redémarrant des unités de raffinage annexes, à la fois dans les raffineries attaquées et dans celles restées indemnes. D’autres unités de raffinage qui avaient été mises hors d’usage ont pu être redémarrées après réparation. Il faut dire que la capacité totale de raffinage de la Russie se situerait autour de 6,6 millions de barils par jour, mais qu’elle n’est presque jamais intégralement utilisée.
« L’Agence internationale de l’énergie a indiqué que les recettes russes [du pétrole] ont chuté en août à l’un des niveaux les plus bas depuis le début de la guerre en 2022, poursuit Reuters. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré le mois dernier que les frappes à longue portée pourraient avoir réduit les approvisionnements en essence en Russie d’un cinquième. Le Kremlin, quant à lui, affirme que le marché des carburants est stable. »
Tout n’est pas perdu
En 2025, au moins 58 attaques ukrainiennes de drones ont ciblé des sites énergétiques russes stratégiques, frappant en profondeur (jusqu’à 2 000 kilomètres) à l’intérieur du territoire russe. Des installations situées à Novokuibyshevsk, Kirishi et Salavat ont été sérieusement endommagées par les frappes. Par ailleurs, en raison des sanctions internationales qui la ciblent, Moscou peine à obtenir les pièces détachées occidentales dont elle a besoin pour entretenir et réparer ces raffineries.
« Les entreprises russes affirment avoir trouvé des solutions pour produire localement les équipements ou les importer de Chine, qui demeure un allié stratégique de Moscou, indique toutefois Reuters. Selon des sources industrielles, les réparations ont permis de remettre en service les unités de distillation en quelques semaines dans la plupart des cas. »
Néanmoins, cela induit des coûts et une complexité supplémentaire, et n’est pas forcément tenable à long terme. Si Kyiv continue de pilonner les installations pétrolières russes au même rythme, cette belle mécanique pourrait bien se gripper…