«Les antibiotiques, c’est pas automatique ». Cette campagne de communication lancée au début des années 2000 a marqué des générations entières, qui se souviendront toute leur vie de ce slogan bien trouvé. En 2025, le constat est pourtant amer. Alors qu’elle affiche des objectifs ambitieux de réduction de la consommation des fameux « antibios », la France n’y arrive pas. Après un léger tassement en 2023, la consommation (+ 5,4 % des doses journalières pour 1.000 habitants) et la prescription (+ 4,8 %) ont assez nettement augmenté en 2024, alerte Santé publique France.

A l’occasion de la Semaine mondiale de sensibilisation à la résistance aux antimicrobiens, les autorités de santé tentent d’alerter la population sur les risques, notamment l’apparition de bactéries résistantes. Oui, les molécules antibiotiques ont révolutionné la médecine. Mais elles se heurtent aujourd’hui à une « antibio résistance » de nos organismes, en raison d’une consommation excessive ou inappropriée de ces traitements. C’est par exemple le cas de la grippe saisonnière. D’origine virale et non bactérienne, cette maladie courante ne doit pas être soignée avec des antibiotiques, qui sont pourtant régulièrement prescrits.

Après une tendance à la baisse depuis 2014 et une chute liée au début de la crise Covid, l’usage des antibiotiques avait repris en 2021 et 2022, avant un tassement en 2023. Et une nette reprise l’an dernier. La France est « encore loin de l’objectif cible de 650 prescriptions pour 1.000 habitants par an d’ici 2027 », et « occupe le 2e rang des pays consommant le plus d’antibiotiques en Europe », derrière la Grèce, commente le Dr Caroline Semaille, directrice générale de Santé publique France, citée dans un communiqué, appelant à « continuer à mieux sensibiliser ».

La France à la deuxième place européenne

Si le pays est passé, en un an, de cinquième à deuxième, « les données européennes (UE, Islande et Norvège) sur la consommation totale d’antibiotiques, en ville et à l’hôpital, sont à relativiser » vu les différences d’accès aux soins et de systèmes de santé, précise le Dr Rémi Lefrançois. Le responsable de l’unité infections de SpF assure qu’il faut « faire encore plus pour sensibiliser, convaincre et aider » les médecins. Côté patient, « il faut reprendre notre bâton de pèlerin » : « la connaissance des Français sur l’antibiorésistance n’est pas bonne et a tendance à s’éroder ».

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

J’accepte

Pour éviter le scénario noir de dizaines de millions de morts liées à l’antibiorésistance, des chercheurs travaillent sur une palette de pistes, comme le développement de traitements susceptibles de lutter contre les bactéries coriaces sans compromettre l’équilibre microbien de l’organisme. D’après une étude publiée par The Lancet, 39 millions de personnes pourraient en mourir ces vingt-cinq prochaines années.