Trente rames Régiolis flambant neuves ont été achetées par la région Grand-Est pour près de 400 millions d’euros en début d’année. Problème : conçues pour des trajets transfrontaliers, ces trains ne peuvent circuler… qu’en France. « Pour le moment, nos trains n’ont pas obtenu l’agrément pour circuler côté allemand», explique dans les colonnes du Parisien Thibaud Philipps, vice-président de la région en charge des transports.

Ces rames s’inscrivent dans le cadre du traité d’Aix-la-Chapelle, signé pour développer les lignes ferroviaires entre la France et l’Allemagne. Mais un obstacle réglementaire freine leur mise en service transfrontalière : les normes de freinage allemandes ont évolué depuis la conception des trains. «Suite à différents accidents, l’Allemagne a changé ses règles encadrant le freinage d’urgence. Nos trains français utilisent des patins électromagnétiques, qui ne sont pas homologués pour freiner en urgence sur les rails allemands», regrette Thibaud Philipps.

40 minutes de bus au lieu de 20 minutes de train

Ce contretemps est d’autant plus frustrant que les rames ont été conçues conjointement par des ingénieurs français et allemands. Pour le moment, elles servent à renforcer l’offre sur le réseau régional français. Les usagers transfrontaliers, eux, subissent les conséquences. Mathias, un jeune employé de banque basé à Müllheim, déplore le retard du projet. «A l’heure actuelle, je dois prendre un bus qui met 40 minutes entre Mulhouse et mon bureau lorsque ça roule bien. J’ai accepté un poste à Müllheim en début d’année car la SNCF promettait une liaison transfrontalière en seulement 20 minutes entre les deux villes», témoigne le jeune homme de 27 ans auprès de nos confrères.

Les liaisons entre Mulhouse et Müllheim, ainsi que Strasbourg et Offenbourg, sont pourtant prévues pour accueillir ces rames Régiolis. «Nos trains n’ont pas besoin de retourner en usine mais nous avons dû relancer le processus d’homologation. Nous espérons obtenir l’agrément côté allemand en début d’année prochaine avec l’objectif de pouvoir faire rouler ces rames d’ici avril», précise Thibaud Philipps. Par ailleurs, selon Le Parisien, la région Grand-Est envisage déjà de réclamer «20 millions d’euros de pénalités à la SNCF eu égard à ce retard à l’allumage».