• Une idée, portée par l’ancien coureur Jérôme Pineau, propose de rendre certains accès du Tour de France payants aux spectateurs pour rétribuer les équipes.
  • Pierre-Yves Thouault, numéro 2 chez l’organisateur ASO derrière Christian Prudhomme, a fermé la porte à la fin de la gratuité sur la Grande Boucle.

Va-t-on devoir payer pour voir passer le Tour de France (nouvelle fenêtre) ? L’idée saugrenue de s’attaquer à la gratuité du vélo fait pourtant son bout de chemin. Elle trouve même des relais au sein du peloton, alors que la fin de saison s’est apparentée à un jeu de quilles pour le cyclisme tricolore (nouvelle fenêtre) avec la disparition d’Arkéa-B&B Hotels, la relégation de Cofidis et la perte du sponsor-titre de l’équipe TotalEnergies. 

« Très inquiet » pour l’avenir de son sport, pour lequel le fossé ne cesse de se creuser entre les formations soutenues par des États (nouvelle fenêtre) et/ou multinationales et les équipes plus modestes, dont la survie ne dépend que du maintien des sponsors, Jérôme Pineau a jeté un pavé dans la mare. L’ancien coureur cycliste, ex-manager de feue B&B Hotels, a suggéré de faire payer l’accès aux derniers kilomètres des ascensions mythiques de la Grande Boucle, comme l’Alpe d’Huez.

Privatisons les 5 derniers kilomètres de l’Alpe d’Huez, faisons payer l’entrée

Jérôme Pineau, ancien coureur cycliste et manager

« Aujourd’hui, on est dans un système d’ultrariches, mais il n’y a pas d’oseille. Le vélo est en train de se tuer à cause de ça, (…) les équipes meurent », a regretté le consultant RMC dans le podcast « Grand Plateau » (nouvelle fenêtre). « Je vais choquer du monde mais aujourd’hui on a créé une étape qui va faire deux fois l’Alpe d’Huez, privatisons les 5 derniers kilomètres, faisons payer l’entrée, faisons des VIP, créons quelque chose pour faire gagner de l’argent ! (…) Dans l’histoire du vélo, c’est populaire, c’est un sport gratuit. Mais un sport gratuit où il n’y a plus de coureurs sur la route parce qu’il n’y a plus que deux équipes Bahreïn et UAE, c’est moins fun quand même. »

« C’est la seule solution pour assurer notre avenir », abondait auprès de Cyclingpro (nouvelle fenêtre) l’ex-coureur italien Filippo Pozzato, désormais organisateur de courses en Italie, favorable à un système de billetterie, dont les recettes seraient reversées aux équipes les plus fragiles économiquement. « Nous sommes le seul sport sans billetterie. Le cyclisme ne peut plus se permettre d’attendre pour survivre. »

C’est gratuit… et ça va le rester

« L’idée n’est pas de faire payer la personne dont le seul kiff de l’année est d’aller voir le Tour de France avec ses enfants et ses petits-enfants », a nuancé sur RMC (nouvelle fenêtre) Jérôme Pineau, ciblant non pas le grand public mais plutôt les hospitalités. Selon lui, les équipes tireraient des revenus substantiels de ce droit d’entrée dans des portions spécifiques. « Quand on fait payer les gens car on leur sert une coupe de champagne et qu’on leur donne des échantillons de petits gâteaux, ils payent une énorme facture ! (…) Pourquoi ce ne sont pas les équipes qui sont payées dans les endroits qui sont traditionnellement exploités par les organisateurs ? »

Instaurer une billetterie n’est absolument pas d’actualité

Pierre-Yves Thouault, directeur adjoint du cyclisme chez ASO

« La billetterie, c’est un peu compliqué dans le Tour de France parce qu’historiquement, là, on va toucher à un débat national », jugeait David Lappartient, le président de l’Union cycliste internationale (UCI), dans un entretien à Ouest-France (nouvelle fenêtre). Un débat finalement tué dans l’œuf par l’organisateur ASO. « Par essence, le sport cycliste est gratuit et instaurer une billetterie n’est absolument pas d’actualité », a rétorqué Pierre-Yves Thouault, le directeur adjoint du département cyclisme bras droit de Christian Prudhomme, dans les colonnes du journal belge La Dernière Heure (nouvelle fenêtre)

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Un avis partagé par Marc Madiot, l’iconique manager de la formation Groupama-FDJ. « Le cyclisme est un sport gratuit et cela participe à son succès. Gardons-le ainsi. » 

Yohan ROBLIN