La question sanitaire du besoin élémentaire d’uriner offrait jusqu’à présent des solutions inconfortables pour les hommes et femmes, d’ailleurs de plus en plus nombreuses, qui pilotent les grues. C’est donc une petite révolution, certes pour l’instant axée sur ces travailleurs d’altitude, que la jeune société nantaise Etteliot (toilette en sens inverse) a engagée avec son urinoir écologique, « sans eau, sans produits chimiques et sans vidange », décrit le cogérant Alexandre Evrard.

Ce produit spécialement adapté aux cabines de grues est constitué d’un boîtier à double porte, qui peut-être posée sur la balustrade à l’extérieur de la cabine ou à terre avec un équipement adapté pour se mettre assis.

L’urine est traitée par électrolyse

« L’urine est traitée par électrolyse à faible consommation, les composants sont séparés et le liquide transformé en brouillard grâce à une membrane à ultrasons », précise l’ingénieur en conception mécanique, qui a conçu le système avec son associé et ami Gustav Sievers, chercheur en sciences de l’environnement et docteur en électrochimie.

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Cet urinoir en fonction sur une dizaine de grues dans le grand Ouest a déjà changé la vie de ses utilisateurs, rapporte Alexandre Evrard. « Jusqu’ici, ils utilisent des sacs avec un système absorbant, qu’il faut redescendre. » Ici, l’entretien se résume à une vidange une fois par semaine ou par mois. La start-up entend bien distribuer beaucoup plus largement son appareil dans les entreprises du bâtiment et des travaux publics. « Sur tous les chantiers à étages par exemple, disposer d’urinoir mobile est un avantage. » L’investissement de quelques milliers d’euros n’est pas insurmontable pour les géants du BTP.

Et bientôt les matières fécales

L’urinoir n’est qu’une première étape car une autre question vient naturellement : que fait-on pour les matières fécales ? L’entreprise travaille sur « des toilettes autonomes capables de traiter également les excréments et les réduire en cendres, sans pollution et sans rejets dans l’environnement ».

À l’heure de la journée mondiale des toilettes, ce 19 novembre, c’est bien au-delà de cet usage professionnel que réfléchissent Alexandre Evrard et Gustav Sievers. Il faut revenir à l’origine de l’histoire pour comprendre pourquoi ces deux ingénieux scientifiques se sont lancés dans l’équipement pour besoins naturels. « On est des passionnés de sport de glisse. Et quand on fait du surf, qu’on voyage en van, on se retrouve confrontés à la réalité de devoir faire ses besoins dans des conditions pas idéales. »

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Ils ont vu la pollution des spots de surfs, des plages et des dunes. Et puis « tirer la chasse d’eau, c’est utiliser, par chaque Français, 13 000 litres d’eau potable par an pour les sanitaires ». Outre le secteur du bâtiment, Etteliot veut poursuivre son approche du secteur du transport en van et en fourgons.

La levée de fonds d’1,4 million d’euros réalisée en 2024 permet déjà à la société d’employer dix personnes.