Il y a plus d’un an, en avril 2024, la réorganisation du RER C, avec le projet d’un débranchement de la ligne en plein centre de Paris, avait suscité une fronde des élus du sud de l’Essonne. Ce mardi 18 novembre, Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France, confirme au Parisien les modalités de ce futur réaménagement de la ligne.

Elle prévoit un futur terminus à Paris-Austerlitz. La desserte des branches Dourdan et Saint-Martin d’Étampes serait renommée « ligne Y ». Ce nouvel axe semi-direct ne s’arrêtera pas partout entre Brétigny et la capitale, offrant des temps de trajets réduits. De plus, Valérie Pécresse souhaite enclencher au plus vite une commande de 55 nouveaux trains neufs, affectés à cette future ligne Y d’ici 2032.

Autant de propositions qui semblent cette fois satisfaire la majorité des élus ainsi que les associations d’usagers, joints par le Parisien.

« Les maires ont depuis changé d’avis »

Maryvonne Noël, présidente de l’association des usagers du RER C « Circule », assure que cette proposition émane de leurs suggestions. « Aujourd’hui, il n’y a quasiment pas de jours sans trains supprimés, ralentis… se désole-t-elle. Cela devenait extrêmement pénible pour les Franciliens qui habitent sur la branche Dourdan et Étampes. Sans parler du matériel roulant vétuste. »

La présidente de l’association rappelle avoir fait face à l’origine à « une bronca de maires menée par celui de Brétigny-sur-Orge ». « Ils ont depuis pour la plupart changé d’avis en entendant nos arguments, se félicite-t-elle. Ce projet est donc une victoire, notamment d’avoir obtenu le débranchement avec la branche nord. Seulement 20 % des usagers qui habitent au sud de Brétigny se rendent au-delà d’Austerlitz. Mais eux aussi bénéficieront de matériels neufs avec prise USB. » Le soir, les usagers monteront dans des wagons vides à la gare d’Austerlitz. « Quand on prend le train après une longue journée, c’est appréciable d’avoir une place assise », relève-t-elle.

L’association « La Vignette du Respect » s’était, au départ, opposée à ce projet. « On s’était mobilisés contre la rupture de charge à Paris Austerlitz parce que l’on considérait que les lignes les plus éloignées de Paris – Saint-Martin d’Étampes et Dourdan – ne pouvaient pas subir encore une dégradation du service, détaille Rémi Lavenant, le président. L’ajout d’une correspondance rajoute souvent une incertitude. »

Mais après avoir constaté que la région semblait « vouloir aller au bout », l’association a demandé des garanties. « On voulait l’achèvement des travaux à Paris Austerlitz et l’assurance d’un changement quai à quai à la station bibliothèque François-Mitterrand. Nous souhaitions aussi obtenir en heure creuse la réduction des temps de parcours entre Juvisy et Brétigny. Nous avons obtenu tout cela, apprécie-t-il. À voir si les promesses seront au rendez-vous. »

« Ce serait une révolution pour le sud de l’Essonne »

Paolo de Carvalho, le maire (Renaissance) de Dourdan, concerné aussi par l’un des tronçons de la future ligne Y estime que la région « a bien écouté » les requêtes des élus.

« Il faut continuer ce renforcement des transports avec comme objectif un TER par heure entre 6 heures et 23 heures, ce qui permettrait aux habitants de la banlieue d’accéder à Paris en moins de quarante minutes. Ce serait une révolution pour le sud de l’Essonne, s’enthousiasme-t-il. Cela encouragerait aussi les parisiens à venir se promener en forêt de Dourdan, à savoir le deuxième poumon vert de l’Île-de-France. »

Il se réjouit aussi de la perspective d’une réduction des dysfonctionnements. « Sur le papier, une ligne qui traverse Paris du nord au sud paraît bien mais cela augmente la possibilité de cumuler les retards, note-t-il. Le découpage de la ligne me paraît une bonne chose. »

Le maire se félicite aussi de la proposition de rajouter des TER sur la ligne Y grâce à des accords entre la région Ile-de-France et le Centre-Val de Loire. « Nous avons une opportunité entre Châteaudun et Paris d’avoir des arrêts supplémentaires à Dourdan, rapporte-t-il. Il faut maintenant renforcer des trajets directs afin que les usagers originaires de banlieue mettent moins d’une heure à rejoindre Paris. »

« 2032, c’est long pour les usagers »

De son côté, Johann Mittelhausser, le président de l’agglomération de l’Étampois Sud-Essonne considère cette réorganisation « beaucoup mieux que la première copie qui se contentait d’un débranchement ». Il rappelle que le tronçon central, – le tunnel à Saint-Michel – ne permettait pas d’utiliser les nouveaux trains sur deux étages.

« C’était insoluble, s’exclame-t-il. On ne pouvait pas non plus se contenter d’un RER C avec un seul niveau. Pour que ce tronçon soit adapté, il aurait fallu attendre des travaux majeurs très coûteux encore des années. » Après réflexion, il se félicite : « Finalement, la grogne des élus a permis d’arriver à une solution consensuelle ».

Seul Franck Marlin, le maire (LR), d’Étampes semble mitigé. « Je suis le seul grognon de la bande, c’est ça ? », ironise-t-il. Car si selon lui, le projet « est appétissant sur le papier », l’édile s’interroge sur les délais. « C’est une opération envisagée en 2032. C’est long pour les usagers. On est en fin de mandat régional, rappelle-t-il. Il faut donc parier sur le renouvellement du mandat de Madame Pécresse ? Je trouve que ces améliorations auraient pu voir le jour avant étant donné que les difficultés du RER C durent depuis longtemps. »