- De fausses informations ont proliféré autour des commémorations du 13-Novembre.
- Plusieurs vidéos réalistes usurpent l’identité de véritables médias français.
- Il s’agit en réalité d’une opération de désinformation pilotée par Moscou.
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Attentats du 13-Novembre : 10 ans après, la France se souvient
De nombreuses personnes ont rendu hommage aux victimes à Paris, et en ligne, 10 ans après les attentats du 13-Novembre. Sur les réseaux sociaux, parmi les messages des internautes, plusieurs supposés reportages ont été partagés. Cette vidéo (nouvelle fenêtre)évoque par exemple un « refus » des proches des victimes « d’assister aux commémorations si Emmanuel Macron y participait ». D’autres (nouvelle fenêtre) clips (nouvelle fenêtre)affirment que les stades sont « les moins sécurisés » d’Europe malgré les attentats. En réalité, un réseau de propagande russe est à l’origine de ces contenus.
Capture d’écran / Les Vérificateurs
À en croire cette vidéo (nouvelle fenêtre), « les proches des victimes et les personnes blessées lors des attentats du 13 novembre 2015 ont refusé d’assister aux commémorations si Emmanuel Macron y participait ». Format, logo rouge et blanc du média RFI… le contenu ressemble à un réel clip journalistique. Pourtant, nous ne retrouvons pas cette information sur RFI, ni dans aucun autre média, agence de presse ou ailleurs sur les réseaux sociaux. Si Emmanuel Macron a bien participé (nouvelle fenêtre)aux commémorations, il n’y a aucune trace de contestation de sa présence sur les sites des groupes de victimes et leurs proches (nouvelle fenêtre).
Capture d’écran Les Vérificateurs
Un autre supposé reportage (nouvelle fenêtre), cette fois-ci censé être issu du média Le Monde, affirme que « les stades en France sont les moins sécurisés d’Europe malgré les attentats du 13 novembre 2015 ». Aucune trace d’une telle information sur le site du quotidien. Une vidéo censée être issue de la chaîne France 24 assure aussi que les stades français ne sont pas sécurisés, supposée preuve à l’appui : une journaliste se serait introduite (nouvelle fenêtre) au Stade de France et dans quatre autres infrastructures… avec des explosifs. Une ancienne reporter du groupe, Catalina Marchant de Abreu, est même nommée. Mais nous ne retrouvons aucune trace d’une telle enquête sur le site et les réseaux du média. Et pour cause, il est complètement faux.
« Je n’ai absolument pas réalisé ce reportage », dément catégoriquement la journaliste auprès des Vérificateurs. « Ça m’inquiète beaucoup », déplore Catalina Marchant de Abreu, désormais basée à Dubaï où elle travaille pour la chaîne Al Arabiya. « Ils essaient de ternir mon nom et ma réputation de journaliste avec de fausses informations si grotesques, alors que mon travail consiste précisément à les combattre », se désole-t-elle. Ce n’est pas la première fois (nouvelle fenêtre) que l’identité de la journaliste est ainsi usurpée. « J’ai ce sentiment d’être surveillée par le système de désinformation russe depuis plusieurs années », explique la reporter, qui espère que les téléspectateurs et les internautes ne tomberont pas dans le piège.
🧵Kremlin-aligned Matryoshka bot network is now exploiting the 10th anniversary of 2015 Paris attacks, part of its multi-year effort to cut aid to Ukraine and to undermine trust to Emmanuel Macron. Fake videos impersonated: @RFI , @20Minutes , @le_Parisien , @France24 , @LeMondeFr . pic.twitter.com/Umhe1jfGrb — bot blocker | блокировщик ботов (@antibot4navalny) November 15, 2025
Le collectif Antibot4Navalny (nouvelle fenêtre), qui traque les opérations de désinformation venues de Russie, a repéré une dizaine de vidéos de ce type. Certaines sont également publiées sur le réseau social Bluesky (nouvelle fenêtre). Elles imitent toutes le style journalistique et usurpent l’identité de plusieurs médias français bien réels, comme RFI, 20 Minutes, Le Monde et France 24. Les comptes les ayant publiées ont peu d’engagement, et des photos de profil générées par intelligence artificielle (IA).
Plusieurs éléments reviennent régulièrement : l’idée que « la France n’a tiré aucune leçon de 2015 », que « Macron privilégie l’aide à l’Ukraine au détriment de la sécurité intérieure » et que « sa politique migratoire accueille favorablement les islamistes radicaux ». Comme le relève David Colon, historien et chercheur à Sciences Po, sur X (nouvelle fenêtre), le but pourrait être « de saper le soutien à l’Ukraine et la confiance dans le chef de l’État ».
Opération « Matriochka »
Selon un service de l’État proche du dossier consulté par TF1info, il s’agit du mode de diffusion et des codes de production correspondant à l’opération Matriochka. Derrière ce nom de code, une redoutable campagne attribuée à des acteurs pro-russes et qui constitue une « ingérence étrangère », d’après le service (nouvelle fenêtre) chargé de la vigilance et la protection contre les ingérences numériques étrangères (Viginum). L’objectif de cette opération est « de décrédibiliser les médias, personnalités et cellules de fact-checking ciblés tout en promouvant des contenus servant les intérêts russes », selon un rapport (nouvelle fenêtre)à ce sujet en 2024.
La France est régulièrement visée par des campagnes de désinformation orchestrées par Moscou. Les Vérificateurs avaient par exemple déjà enquêté (nouvelle fenêtre)sur la désinformation russe autour du cambriolage du Louvre, ou encore de fausses informations créées de toutes pièces prétendant que des déchets nucléaires français étaient secrètement envoyés (nouvelle fenêtre) en Arménie ou encore sur un faux programme (nouvelle fenêtre) incitant des migrants africains à s’installer en France.
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Astrig AGOPIAN
