Un fauteuil au cœur de la grande salle, avec son nom dessus. C’est, entre autres pistes de réflexion, une idée de contrepartie pour quiconque accepterait de contribuer à la restauration de l’opéra de Toulon. En l’occurrence, en déboursant 500 euros pour financer l’une de ses moelleuses assises !
En juin dernier, la métropole TPM, gestionnaire des lieux, a ainsi lancé une grande campagne de mécénat auprès des entreprises et des particuliers, avec le concours de la Fondation du patrimoine.
Objectif : que des dons puissent venir nourrir le budget de 35 millions d’euros d’argent public déjà prévu pour « dépoussiérer » de fond en comble l’établissement culturel.
« On a collecté 9 500 euros grâce à seize donateurs », explique-t-on à la métropole. « Mais on vise un total de trois millions d’euros et l’appui de plusieurs sociétés ».
Bref, « même si on n’a pas besoin de cet argent pour que les travaux soient réalisés », dixit l’élu en charge de la culture Yann Tainguy, pour l’instant, le compte n’y est pas.
Des contreparties
Alors pour séduire de potentiels co-financeurs, TPM a dégainé toute une série de « participations ».
Une entreprise qui ferait un chèque de 10 000 euros se verrait par exemple offrir dix places pour l’inauguration du bâtiment historique, prévue pour la fin 2027, ainsi que des mentions de la marque dans les communiqués de presse ou les supports de publicité autour du projet.
« Cela vient en plus de contreparties offertes pour un montant de 2 500 euros, telles que des places pour le RCT, pour des spectacles ou des traversées de la rade », explique-t-on encore à TPM.
Qui précise qu’il est possible de donner de dix à plus de 200 000 euros. Voire de proposer son éventuel savoir-faire.
Dans cette démarche, l’intercommunalité peut donc compter sur le soutien de la Fondation du patrimoine, qui a elle-même versé 150 000 euros.
« On sert de caisse de résonance et on a un label qui donne confiance aux donateurs », note Marine Henry, bénévole au sein de l’organisme privé. « Grâce à notre participation, ils bénéficient également d’une déduction fiscale de 60 % ».
Sculptures et dorures, lustres, toiles marouflées des putti ou du plafond, décors peints, fauteuils : des opérations ont été spécifiquement ciblées pour le versement d’un montant « mécenable ».
« Plutôt que de faire un don qui se retrouve dans l’enveloppe totale, les gens sont généralement fiers de savoir qu’ils ont financé un élément en particulier », estime Marine Henry.
Fermé depuis l’été 2023, en chantier depuis début 2025 après de longs travaux préparatoires, l’opéra construit en 1862 est aujourd’hui méconnaissable.
Partout, des entrailles à la façade, du sol au plafond, de la cage de scène aux balcons, des lustres aux anges de plâtre blanchis à la gomme (!), les artisans s’affairent. Un impressionnant dédale d’échafaudages que les futurs donateurs seront d’ailleurs invités à admirer.
Des fouilles archéologiques
Depuis le mois dernier, une équipe d’archéologues de l’Inrap s’affaire à l’emplacement de la fosse d’orchestre, dont la future version aura davantage de profondeur pour accueillir un plateau élévateur.
Mais jusqu’alors, les trouvailles réalisées dans le cadre de cette fouille préventive ne sont pas à la hauteur des espérances des historiens.
« Lors des travaux de construction de l’opéra, il avait été fait état de la découverte d’une mosaïque romaine et de sépultures datant du Ve ou VIe siècles », raconte l’archéologue Pascal Joyeux. « Mais pour l’instant, nous n’avons révélé ni fragment d’os, ni de pierres colorées ».
À peine « une structure agraire » impossible à dater… En 2026, un nouveau (petit) chantier de fouilles sera mené, dans la fosse d’ascenseur cette fois. Mais rien ne dit qu’il sera plus fructueux.
Infos : www.fondation-patrimoine.org/les-projets/opéra-de-toulon/102223