Il était le symbole de l’histoire du Gym. Les archives que collectionne Serge Gloumeaud le prouvent, la plume de Philippe Camps approuve.

La disparition d’Alain Cornu, survenue dimanche dernier à l’âge de 88 ans, laisse un vide et fait le plein de souvenirs à la fois.

Elle ravive la mémoire d’un Gym qui soulève des trophées et dispute des matchs de légende.

« Il était l’ultime survivant du dernier titre de champion de France de l’OGC Nice, en 1959. Le décès d’Alain Cornu, c’est le dernier poilu qui s’en va », image Serge Gloumeaud, président de l’association La Grande Histoire du Gym qui offrira de nouveau une plongée dans ses archives vendredi, sur le parvis de l’Allianz Riviera.

« Cornu était né au Cannet-Rocheville et avait grandi avec le club jusqu’au titre national. C’était l’un des rares locaux de cette grande équipe, ça renforce encore un peu plus son image touchante dans le cœur des amoureux du Gym. Il représentait l’histoire vivante de l’OGC Nice, la mémoire d’une équipe solide. Avec Pancho Gonzalez à ses côtés, Cornu formait une charnière centrale de rocs.  »

Entouré d’un cercle, Alain Cornu était le dernier champion de 1959 encore en vie. Debout, de gauche à droite : Ferry, Lamia, Cornu, Gonzalez, Chorda, Milazzo. Accroupis, de gauche à droite : Foix, Muro, Nurenberg, Alba, Faivre.

Entouré d’un cercle, Alain Cornu était le dernier champion de 1959 encore en vie. Debout, de gauche à droite : Ferry, Lamia, Cornu, Gonzalez, Chorda, Milazzo. Accroupis, de gauche à droite : Foix, Muro, Nurenberg, Alba, Faivre.
Photos association la grande histoire du Gym

A jamais l’un des premiers à avoir fait tomber le Real Madrid

Qui a fait douter le Real Madrid de Ferenc Puskas et Alfredo Di Stéfano en quart de finale de Coupe d’Europe.

Alain Cornu et ses coéquipiers ont fait entrer le Gym dans l’histoire le 4 février 1960, devenant la première équipe française à faire tomber le grand Real (3-2 au stade du Ray).

La lourde défaite au retour (4-0) renforce la portée de l’exploit et le souvenir d’un club rouge et noir capable de renverser des montagnes dans son antre de Gorbella.

Une fois les crampons raccrochés, Alain Cornu s’est équipé d’une raquette mais n’a pas pu quitter le quartier, se rappelle Philippe Camps.

Jean-Philippe Cornu se souvient, lui, des marques d’affection que témoignaient les riverains du Ray à son papa, un champion touche-à-tout qui n’en rajoutait jamais.

« Papa était modeste, pudique à l’égard de son histoire avec l’OGC Nice, l’épisode majeur de sa vie. Je prenais alors beaucoup de plaisir à me promener avec lui, le voir se faire alpaguer dans la rue et recevoir toutes ces marques de respect et sympathie. A l’école c’était pareil, il était la coqueluche de mes copains. Pour moi, qui n’ai jamais été un grand passionné de football, c’était marrant de voir leurs yeux briller devant mon papa.  »

Un héros modeste dans le propos, jamais dans l’effort

Féru de vélo et du Tour de France, ce grand passionné de l’exploit sportif conservait des cassettes vidéo des JO de 1968 et 1986 et réalisait à son tour des prouesses lorsqu’il se mettait en selle.

« Il retournait souvent en Corse voir ses parents et faisait l’aller-retour de Bastia à Calvi en vélo, rembobine son fils Jean-Philippe, devenu papa à son tour. Ça peut sembler inimaginable aujourd’hui, et ça montre la détermination qu’il mettait dans tout ce qu’il faisait.  »

Exigeant dans l’effort au-delà de son talent inné, Alain Cornu pouvait l’être aussi avec les autres. Son caractère bien trempé s’est adouci avec le temps et l’amour des siens, qui l’ont entouré dans une fin de vie marquée par la maladie.

Sa famille se réunira en toute intimité ces prochains jours pour des obsèques qui ramèneront Alain Cornu auprès de ses parents, dans le caveau familial de Calvi.

Ce vendredi, l’Allianz Riviera et le peuple niçois lui rendront l’hommage populaire que le champion mérite.