S’il l’a fait en Palestine, il peut le faire en Ukraine, s’est manifestement dit Donald Trump. Son administration travaille en secret, en lien avec la Russie, à l’élaboration d’un plan de paix pour mettre fin à la guerre en Ukraine, dévoile le média américain Axios. Ce plan américain en 28 points est inspiré par la « politique fructueuse » qui a permis d’obtenir un accord à Gaza. Un haut responsable russe interrogé par Axios fait par de son enthousiasme, mais on ignore encore ce que l’UE et l’Ukraine en pensent.
« Selon des sources proches du dossier, les 28 points du plan s’articulent autour de quatre axes principaux : la paix en Ukraine, les garanties de sécurité, la sécurité en Europe et les relations futures entre les États-Unis, la Russie et l’Ukraine, détaille Axios. On ignore comment ce plan aborde les questions litigieuses telles que le contrôle territorial dans l’est de l’Ukraine ».
Axe Moscou-Miami
C’est l’envoyé spécial de Trump pour l’Ukraine, le promoteur immobilier Steve Witkoff, qui planche sur ce projet en coordination avec l’envoyé russe Kirill Dmitriev, également patron du fonds souverain de Moscou. Ce dernier a rencontré Witkoff et d’autres affidés de Trump lors d’une visite à Miami fin octobre. « [Cette fois-ci], nous avons le sentiment que la position russe est réellement entendue », déclare-t-il, optimiste, à Axios.
Witkoff devait aussi rencontrer Volodymyr Zelensky ce mercredi mais la rencontre a été reportée. En revanche, il a discuté du plan de paix avec le conseiller à la sécurité nationale du président ukrainien, Rustem Umerov (toujours à Miami). Kyiv est donc au courant.
« [Il s’agit de] régler le conflit ukrainien, mais aussi de rétablir les relations américano-russes et répondre aux préoccupations sécuritaires de la Russie, déclare Kirill Dmitriev à Axios. Il s’agit en réalité d’un cadre beaucoup plus large, qui vise essentiellement à déterminer comment instaurer une sécurité durable en Europe, et pas seulement en Ukraine. »
« Souplesse » ou capitulation ?
Toujours selon Dimitriev, ce plan est distinct du projet poussé par les Britanniques d’appliquer en Ukraine un accord de paix similaire à celui de Gaza. Il juge les propositions du Royaume-Uni insuffisamment favorables aux intérêts de la Russie (contrairement au plan Witkoff). Par ailleurs, il indique que les Américains tentent actuellement de convaincre les Européens et les Ukrainiens du bien-fondé du plan.
« Cela se produit dans un contexte où la Russie remporte indéniablement des succès supplémentaires sur le champ de bataille », ajoute-t-il. Une façon de dire que si les Ukrainiens n’acceptent pas une « paix » aux conditions de Moscou, il seront écrasés par la machine de guerre russe et contraints d’accepter des conditions encore plus défavorables? Cela sonne comme une menace voilée.
« Le président [Trump] a clairement indiqué qu’il est temps de mettre fin aux massacres et de conclure un accord pour conclure la guerre, déclare un responsable de la Maison Blanche à Axios. [Il] estime qu’il est possible de mettre fin à cette guerre absurde si l’on fait preuve de souplesse ». Avec l’administration Trump, souplesse risque rimer avec « capitulation de l’Ukraine ».