Candidate du RN aux Municipales de Saint-Chamond en 2020, Isabelle Surply sera à nouveau de la partie en 2026 pour mener une liste dépouillée d’étiquette. Ce qui ne l’amènera pas pour autant à subir la concurrence de son ex parti ou d’autres, très proches de sa ligne. Extrêmement probable qu’elle obtienne au contraire leur soutien, ne serait-ce qu’officieux. Au regard des derniers résultats couramiauds exprimés en faveur du RN et apparentés en 2024, de son hyper activité ces 6 dernières années – battage médiatique selon les uns, réelle selon les autres –, à quel point peut-elle peser ? Peut-être bien plus que le poids d’une trouble-fête…
En regardant dans le rétroviseur, jamais Saint-Chamond n’a eu une opposante municipale d’extrême droite aussi présente. ©If Saint-Etienne / XA
Combative, très active dans son opposition, pas seulement en conseil municipal, omniprésente sur les réseaux. Médiatique donc. Hyper médiatique. Voilà 8 ans qu’Isabelle Surply, alors encartée au FN dans un premier temps a fait irruption sur la petite scène politique couramiaude. 6 années qu’elle y est fermement ancrée. « Hervé Reynaud (maire de Saint-Chamond de 2014 à 2023, Ndlr) m’avait dit après les élections : « vous on va vous voir une fois ou deux et après, vous disparaîtrez ». Perdue ! Je suis encore là », lance-t-elle goguenarde. Encore là, sans habiter là. Rhodanienne, Isabelle Surply, 41 ans, graphiste de profession,assume sans sourciller de n’avoir ici qu’une résidence secondaire :
« Ce n’est pas un problème. Parce que moi je suis réellement attachée à cette ville, que je défends vraiment sa population, tous les jours : je lui parle, je parle vrai, je comprends ses réalités, ses problématiques et veux y remédier. C’est ce qui compte. Les Saint-Chamonais le savent. La majorité ne peut pas en dire autant. Vous savez, je fais des tests de notoriété dans les rues. Moi, les gens me reconnaissent, alors que les autres, nouveau maire compris… » Réseaux sociaux, terrain, conseil municipal, attaque de la majorité en Justice : Isabelle Surply a la « grinta », on ne peut pas lui enlever. Malgré, ne manque-elle, pas de souligner « les incessantes pressions de toutes part, jusque sur les propriétaires de restau avec qui je signe pour mes réunions, les achats de domaines web avec mon nom, comme par hasard, cette année et, pire, les menaces de mort, de viol à mon encontre. Je ne me promène jamais seule. »
Sans concurrence du même bord
Si elle a quitté le RN – qui l’avait repérée à l’occasion de son implication dans la Manif pour tous version lyonnaise et lancée en politique ; elle fut élue à la Région -, pour se rapprocher de Reconquête, pas de guerre ouverte. Il faut dire qu’elle a pris soin de ne pas squatter la candidature d’Angelina La Marca aux législatives 2024… Encore moins de fâcheries avec les « Zemmouristes », Debout la France et l’UDR dont le président Ciotti se serait entretenu avec elle en personne, s’enthousiasme Isabelle Surply. Bref, pourquoi des partis « amis » en manque cruel de cadres iraient chercher des noises à une alliée déjà dans la place ? « Toutes les droites – UDI compris ? Oui ! – sont bienvenues sur ma liste où il y aura toutefois beaucoup de non encartés. Par rapport à 2020, elle sera renouvelée aux 2/3 mais elle est déjà beaucoup plus avancée, beaucoup plus facile à composer après tout le travail effectué. Et j’ai déjà le soutien officieux de beaucoup de partis… »
Photo de lancement de campagne prise jeudi dernier et transmise par Isabelle Surply. A la droite d’Isabelle Surply, de « futurs adjoints » ; à sa gauche, se reconnaît Charles Perrot, ex personnalité du RN Loire, Zemmouriste en 2022.
Du RN par exemple ? A défaut de le confirmer, son délégué départemental, Corentin Jousserand, poulain du parti pour Saint-Etienne, contacté par If, confirme qu’il n’enverra pas de liste contre elle. Pour un soutien officiel, c’est encore à voir : « Ça dépendra beaucoup du programme qu’elle va déployer. » On doute qu’il puisse radicalement différer du parti de Marine Le Pen. Qu’en est-il d’ailleurs à ce stade ? « Cela fait bientôt 15 ans que je fais de la politique et malgré la violence à laquelle on m’expose, l’échelon municipal est ce qui me plaît le plus, ce qui est le plus concret, le plus quotidien. J’ai appris à aimer Saint-Chamond dont me parlait ma mère qui habitait juste à sa limite, comme de des amis. Cette ville mérite tellement mieux que son image du « ça craint ». Elle est plein de potentiel mais on gâche ses chances. »
« Remettre Saint-Chamond en ordre »
Son programme se déclinera donc en trois axes : « « Assainir », « protéger », « dynamiser » ». Assainir ? « Là, je parle de finances qui commencent à dérailler (analyse fermement contredite par la majorité, Ndlr). On est à deux tiers des charges dans le personnel, c’est dingue parce qu’en face, le service public n’est pas à la hauteur. Il faut une utilisation plus rationnelle, efficace des employés. C’est valable pour la Police Municipale quand on parle de « protéger » : 300 caméras ok, mais UN opérateur pour les visionner ! Bien sûr qu’il y a un sujet sécurité quand on constate les rodéos, les trafics à la vue de tous, comme devant notre permanence au Château du Jarez où les tarifs sont affichés, quand on entend l’adjoint à la sécurité dire qu’il est en « médiation » avec les délinquants. 20 ans que l’on a droit à cette logique : un peu de bon sens, on ne négocie pas avec la délinquance ! Oui il faut remettre Saint-Chamond en ordre. »
20 ans que l’on a droit à cette logique : un peu de bon sens, on ne négocie pas avec la délinquance !
Et pour ce qui est de dynamiser ? « Côté animations, nous avons besoin du retour d’une grande fête populaire, fédérative sans craindre lâchement que des voyous la gâchent. Il faut une halle couverte pour des manifestations qui ne soient pas gâcher par la pluie. Côté attractivité, plutôt que de parler de placer Emmaüs comme l’envisage le maire, nous aimerions que la halle 39 accueille un pôle de formation technique, infiniment plus cohérent avec le contexte de Novaciéries, infiniment plus logique pour attirer la fréquentation de jeunes qui font des choses constructives. Au lycée Claude-Lebois, une classe dédiée à la chaudronnerie nucléaire vient d’ouvrir. C’est hyper pertinent avec la relance du secteur. Vous croyez qu’elle est mise en avant par la municipalité ? Ils restent dans leurs vieux schémas… »
Isabelle Surply sera très probablement au 2e tour
Aucune chance malgré tout qu’elle devienne première magistrate ? Si on se fie aux seuls résultats des Municipales 2014 et 2020, effectivement, même si sa liste sera très probablement au second tour puisqu’il faut 10 % des votants (et non des inscrits) pour en être. Il y a 11 ans, le très, le trop jeune Franck Descours avait obtenu 12,5 % au 1er puis 15,2 % au 2e dans un contexte de triangulaire (Emmanuel Mandon, alors UDI, décidant de se retirer au profit du LR Hervé Reynaud). Le recul de l’abstention entre les deux rounds (45,03 à 39,99 %) ne lui avait pas été défavorable. En 2020, Hervé Reynaud, sans concurrent côté centre droit, avait écrasé l’élection dès le 1er tour : 58,91 % des exprimés. Mais le scrutin fut marqué par une abstention affolante flirtant avec les 70 % ! Isabelle Surply, loin d’être aussi connue avait réalisé 13 % sous étiquette RN.
Depuis, elle s’est fait connaître oui. Et il y a eu les Européennes 2024. Les votants (54 ,5 % d’abstention) de Saint-Chamond ont donné, en cumulé, à l’extrême droite… 41 % ! Choix « tabou » sautant à l’échelle UE ? Peut-être. Reste qu’aux législatives qui ont suivi, dans un contexte d’abstention en repli (39,49 % puis 38,81 %), Angelina La Marca pour le RN avait confirmé avec, au 1er tour, 36,86 % des exprimés couramiauds, certes avec un Emmanuel Mandon (Modem) sans LR face à lui… Le député de la « 3e » doit sans doute sa réélection au fait que Vincent Bony (NFP) se soit retiré au 2e malgré sa qualification. Enfin, si on se penche sur les législatives 2017, 2022, Isabelle Surply déjà puis Angelina La Marca avaient toutes les deux réalisé à peine plus de 16 % au 1er tour… Entre 2022 et 2024, le score du RN à Saint-Chamond a plus que doublé.
Conclusion : si les électeurs Saint-Chamonais maintiennent ou poussent sur cette tendance, Isabelle Surply a ses chances d’être en tête à l’issue d’un 2e tour en cas de triangulaire, a fortiori en cas de quadrangulaire. Et à ce stade, difficile d’imaginer une « réconciliation » express d’entre deux tours entre les deux camps de droite issus de la majorité initiale d’Hervé Reynaud… Division qui avait profité au socialiste Philippe Kizirian en 2008. A l’époque, l’extrême droite n’avait pas de candidat, même pas un « effacé ». En 2026, il semble qu’il y en ait une bien visible, ayant gagné à être connue.