« Quand on ouvrira la caisse, on aura 208 ans », calcule un enfant de ce centre aéré de Lille, chasuble fluo sur le dos. Autour de la grosse boîte carrée en acier, baptisée « capsule temporelle », ses copains se sont attroupés. Des dizaines d’enveloppes kraft, une carte de vœux imprimée joliment fermée d’un ruban, des photos et des dessins d’enfants… les longues lettres et les petits mots qui viennent s’y amasser sont destinés aux Lillois de… 2225.
C’est « pour faire écrire les élèves » qu’un professeur d’une école de la ville a imaginé ce projet, rendu concret grâce à un budget participatif. « Chère humanité », lit-on au début de l’une des missives. Leur teneur complète est toutefois gardée secrète, afin d’en réserver la primeur… à nos lointains descendants.
« Comment ce sera, la vie, dans deux cents ans ? Il y aura des voitures volantes ou pas ? », interroge un animateur souriant. « Ce sera très bien, comme maintenant ! » Quelques retardataires cherchent un stylo et rédigent in extremis leur message plein d’espoir, d’humour ou de gravité.
Précieux témoignages de notre époque
Sous le regard attentif d’un petit groupe d’habitants, la capsule est scellée par des vis, puis descendue par des cordes dans une cavité creusée sur la place du Maréchal Leclerc de la capitale du Nord, en plein réaménagement. Ces précieux témoignages de notre époque s’apprêtent à faire un long voyage dans le temps, avant d’être découverts. Mais ils ne seront pas oubliés : une plaque dorée, posée quand les travaux seront terminés, viendra rappeler aux générations futures qu’« une capsule temporelle est conservée en ce lieu, à n’ouvrir qu’à partir de l’été 2225 ».