L’Etat va montrer ce jeudi son soutien à Marseille, une semaine après l’assassinat de Mehdi Kessaci. Alors que l’attente est forte dans un contexte où la lutte contre le narcobanditisme « est loin d’être gagnée », les ministres de la Justice et de l’Intérieur vont pour cela se rendre dans la deuxième ville de France.

Gérald Darmanin et Laurent Nuñez, ex-préfet de police notamment des Bouches-du-Rhône, passeront la journée auprès des magistrats et des enquêteurs en première ligne dans ce combat contre le trafic de drogue. Ils doivent aussi échanger en début d’après-midi avec la famille Kessaci.

Amine Kessaci veut des actions plutôt que des discours

« Arrêtons tous ces discours, arrêtons tous ces effets d’annonce » : « maintenant, juste place à l’action », a par contre demandé mercredi Amine Kessaci, qui avait perdu un autre frère en 2020 dans un narchomicide. « Je ne sais pas comment ma famille va se tenir après ça, mais je veux dire juste une seule chose : protégeons celles et ceux qui se sont levés, protégeons celles et ceux qui sont les visages de la République », a ajouté sur France 2 ce militant antidrogue, qui vit sous protection policière depuis fin août.

L’assassinat en plein jour de son petit frère, qui voulait devenir policier, a tétanisé la ville. La justice étudie la piste d’« un crime d’intimidation » visant Amine. Mais ce dernier a prévenu qu’il ne se tairait pas et a appelé à descendre dans la rue samedi pour une marche blanche. Comme le maire divers gauche de Marseille, Benoît Payan, qui a invité ses administrés à ne « pas avoir peur ».

La DZ Mafia au cœur des enquêtes

Mais dans les milieux associatifs, dans les médias et dans les couloirs du palais de justice, la peur est bien là. Des magistrats plaident pour une anonymisation dans les procédures concernant des narcotrafiquants, comme la DZ Mafia, qui n’hésitent pas à recruter des adolescents sur les réseaux sociaux pour leur demander d’exécuter « un contrat » pour quelques milliers d’euros seulement. « La lutte contre la criminalité organisée est de plus en plus dure. Le climat se tend, va crescendo […] La lutte n’est pas perdue mais elle est difficile et loin d’être gagnée », confie d’ailleurs une source judiciaire.

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Mardi, lors d’une réunion d’urgence à l’Elysée, Emmanuel Macron a appelé à adopter face au narcotrafic la même approche que contre « le terrorisme ». Sur cette stratégie, des détails sont attendus ce jeudi.