- La superstar américaine passe derrière la caméra avec un drame qui fait écho à son histoire familiale.
- Son héroïne est une nonagénaire qui s’approprie le passé de sa meilleure amie, survivante de la Shoah.
- Subtil et tendre, c’est un écrin magnifique pour sa vedette, June Squibb, arrivée sur le tard au cinéma.
Scarlett Johansson raconte avoir eu envie de réaliser un film à l’âge de 12 ans, alors qu’elle était sur le plateau de L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux du regretté Robert Redford, en 1998. Depuis, elle est devenue l’une des comédiennes les plus populaires de sa génération, alternant blockbusters et films d’auteur avec soin. La quarantaine passée, elle passe enfin derrière la caméra avec Eleanor the great, un coup d’essai en salles ce mercredi après avoir été dévoilé en avant-première mondiale en mai dernier au Festival de Cannes.
Eleanor, c’est une charmante nonagénaire qui coule des jours paisibles en Floride auprès de Bessie, sa meilleure amie, une survivante de la Shoah. Le jour où cette dernière disparaît soudainement, elle part s’installer auprès de sa fille, à New York. Inscrite un peu malgré à elle à un cours de chant, la voilà qui débarque dans un groupe de paroles réunissant de rares rescapés de la barbarie nazie. Parce qu’elle se sent seule, parce que le récit de Bessie la hante, elle décide de se l’approprier.
Scarlett Johansson et June Squibb en mai 2025 à Cannes. – AFP
De confession juive par sa mère, Scarlett Johansson n’a pas choisi le thème de son premier film par hasard puisqu’une partie de ses ancêtres a péri dans le ghetto de Varsovie. « Je me sentais tellement liée à cette partie de l’histoire en raison de mon propre passé familial et de ma propre identité que j’étais sûre qu’il s’agissait d’un sujet sur lequel je pourrais avoir un vrai point de vue », confiait-elle à TF1info sur la Croisette.
Avec un mélange subtil de tendresse et d’humour noir, la star du récent Jurassic World : Renaissance trouve le ton juste pour mettre en scène le piège émotionnel dans lequel son héroïne s’enferme lorsqu’elle se lie d’amitié avec Nina (Erin Kellyman). Une étudiante qui vient de perdre sa mère et qui cherche le moyen d’attirer l’attention de son père journaliste en écrivant un article sur cette charmante mythomane aux cheveux blancs.
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Malgré le côté professoral un peu lourdingue de la dernière partie du film, et une BO larmoyante dispensable, Scarlett Johansson parvient à réaliser un portrait de femme comme on en voit peu ou pas assez à Hollywood. Venue au cinéma sur le tard dans Alice de Woody Allen en 1990, après une longue carrière au théâtre, la divine June Squibb aura-t-elle une standing ovation lors de la prochaine cérémonie des Oscars ?
>> Eleanor the great de Scarlett Johansson. Avec June Squibb, Erin Kellyman, Chiwetel Ejiofor. 1h38. En salles
Jérôme VERMELIN
