Que retenez-vous des funérailles du pape François, ce samedi à Rome ?
« J’avais d’abord ce sentiment que le monde était réuni. Ne serait-ce que parce que les évêques et les cardinaux venaient du monde entier. On était du côté gauche sur l’esplanade en haut et, en face de nous, il y avait les chefs d’État et les délégations. Et puis on a vu ce peuple de Dieu énorme et toutes les rues adjacentes étaient pleines. »
« J’ai eu le sentiment d’une communion paisible. Le pape, c’est à la fois le chef de l’Église donc évidemment, comme fidèle catholique, on y est attaché, mais c’est aussi, je pense, une autorité morale qui est reconnue comme telle au service de l’Homme. Son souci a toujours été de réunir les personnes différentes et il a dû être heureux jusqu’au bout. »
« J’étais là au nom des Stéphanois et les chrétiens du diocèse »
Cette cérémonie était, pour vous, un mélange de joie et de recueillement ?
« Tout à fait. Il y avait une joie de reconnaissance pour tout ce qu’il a été, tout ce qu’il a donné. En même temps, il a été au bout, il a accompli sa mission. Et puis, un autre élément a été très marquant dans cette célébration, c’est la sobriété de la liturgie. Comme n’importe quel chrétien, il quitte ce monde et on le confie au seigneur. »
Sur la place Saint-Pierre, vous avez retrouvé Mgr Lebrun, archevêque de Rouen, à qui vous avez succédé en 2016…
« J’étais avec le président de la Conférence des évêques, les deux vice-présidents et mon prédécesseur Mgr Lebrun. On se retrouve régulièrement, c’est toujours une joie et les Stéphanois restent chers à son cœur. Je n’étais pas là en mon nom propre aussi, j’étais là au nom des Stéphanois et des chrétiens du diocèse qui ont été très sensibles au fait d’être représentés. »
C’est le pape François qui vous avait nommé évêque de Saint-Étienne. Quels souvenirs gardez-vous de cette désignation ?
« Une fois qu’on a été nommé évêque, on va à Rome et c’est l’occasion de rencontrer le pape. Je me souviens d’un homme d’une grande simplicité de contact et extrêmement accessible. J’ai eu un certain nombre d’occasions de le saluer et de lui parler ensuite. »
Notamment le 12 février dernier lors de sa dernière audience publique avant son hospitalisation…
« Oui, on avait fait un pèlerinage avec des prêtres, des diacres et des chrétiens engagés dans le diocèse. On était quatre-vingt-dix et c’était deux jours avant son hospitalisation. À la fin, on a eu ce moment avec lui qui a été assez exceptionnel : on sentait une paix, un homme qui écoutait. J’avais pu lui parler un peu à cette occasion. »
Cette audience était même au cœur de la veillée de prière et d’hommage, jeudi soir, à la Cathédrale Saint-Charles de Saint-Étienne…
« Je revenais de Lourdes où j’étais avec le diocèse et ce qui m’a touché ce sont les témoignages de fidèles. Que ce soit par rapport aux questions sur la famille, sur les migrants, sur l’annonce de l’Évangile, il y a eu chez le pape François une richesse de l’engagement et de la parole qui est très marquante. »
« Le pape François a continué à faire évoluer l’Église et c’est une belle chose»
Peut-on parler d’un pape progressiste ?
« Je ne sais pas. Parce qu’il avait aussi des côtés très classiques. À mon avis, il était au-delà de ces catégories-là. On est fidèle au Christ et en même temps avec une liberté intérieure. Et l’Église, si elle a plus de 2 000 ans, c’est parce qu’elle a toujours évolué. Il a continué à la faire évoluer et c’est une belle chose. »
Pensez-vous que la personnalité du pape François a joué un rôle dans la hausse constatée du nombre de baptêmes d’adultes ?
« Je ne suis pas sûr, même si elle a pu marquer. Je pense que c’est plus lié à une quête spirituelle de notre époque. C’est un phénomène beaucoup plus large. »
Quel papabile vous semble être le favori pour le prochain conclave ?
« Je n’en sais rien. Les choses sont très ouvertes. Il y a un collège des cardinaux qui a été renouvelé très profondément par le pape François. Déjà, il faut le temps qu’ils se connaissent entre eux. Mon candidat, c’est le candidat du Saint-Esprit, mais je crois que personne ne le connaît encore aujourd’hui (rires). »