- Des députés LFI s’inquiètent de la qualité de l’eau du robinet dans l’agglomération lilloise.
- Elle ferait l’objet d’une pollution qui la rendrait « impropre à la consommation pour les nourrissons », sans que les autorités alertent les populations.
- Des taux de perchlorates supérieurs aux recommandations sont bien enregistrés, mais l’on constate que les autorités locales partagent des mises en garde depuis 2019.
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L’info passée au crible des Vérificateurs
Député du Nord, Aurélien Le Coq a repartagé (nouvelle fenêtre) sur X un communiqué de Lahouaria Addouche, tête de liste LFI pour les élections municipales à Lille. Une « alerte aux autorités », qui concerne un problème d’ordre sanitaire : « l’eau lilloise est impropre à la consommation pour les nourrissons », assure l’élu. Il partage à ses abonnés une forme d’incompréhension : « Pourquoi personne n’a prévenu la population ? Pourquoi aucune mesure n’a été prise ? Que fait la mairie ? »
Rien n’impose aux ARS la détection des perchlorates
L’alerte lancée sur les réseaux sociaux fait suite aux travaux des associations Générations Futures et Data For Good, qui se sont associées pour créer un site nommé « Dans mon eau (nouvelle fenêtre)« . Présentée à la mi-octobre, il propose au grand public une carte interactive qui porte sur la pollution de l’eau potable à travers la France. « Les données existent, mais elles sont difficilement accessibles, complexes, et surtout illisibles », observent les auteurs. La plateforme « rassemble les données officielles », des agences régionales de santé (ARS), « actualisées dès que de nouveaux résultats sont disponibles ».
Lors d’une mise à jour de la carte à la mi-novembre, Générations Futures a partagé une série d’observations, reprises par les représentants LFI. « L’eau alimentant les villes de Dunkerque et Lille ne doit pas être utilisée pour la préparation des biberons pour les nourrissons de moins de 6 mois », rapportait (nouvelle fenêtre) l’association, « en raison de la présence de perchlorates à plus de 4 µg/L ». Elle ajoutait qu’à sa connaissance, « aucune information ou recommandation officielle » n’avait été transmise aux consommateurs concernant « ce nouveau dépassement à Lille, datant du 29 septembre ».
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Dans les eaux de l’agglomération lilloise, ce sont les niveaux de perchlorates qui se révèlent problématiques. Principalement présents dans l’environnement sous forme de sels (perchlorate d’ammonium, de potassium, de magnésium, ou de sodium), « ils peuvent être utilisés dans de nombreuses applications militaires (dispositifs pyrotechniques, poudres d’armes à feu…), industrielles (propulseurs de fusées) et agricoles (engrais) et ainsi être émis dans l’environnement », résume le site Dans mon eau. Très stables et très solubles dans l’eau, ils sont susceptibles de perdurer, une fois émis, « pendant des dizaines d’années ». Leur détection dans les Hauts-de-France n’a rien d’un hasard, puisqu’il s’agit d’une zone « ayant connu des combats au cours de la Première Guerre mondiale ».
Interrogé par TF1info, le porte-parole de Générations Futures François Veillerette confie que rien n’impose aux autorités sanitaires de mesurer les taux de perchlorates dans l’eau potable. « D’ailleurs, ces substances ne sont pas recherchées partout en France. » En revanche, le ministère de la Santé partage (nouvelle fenêtre) des recommandations sur les concentrations maximales à ne pas dépasser. Présentées en ligne, elles s’appuient sur une série d’avis formulés (nouvelle fenêtre) par l’Anses et visent à prévenir des risques pour la santé, en particulier des affections touchant la thyroïde.
En l’état actuel des choses, « il n’y a rien d’illégal », explique François Veillerette, « mais ça ne sert à rien de poser des recommandations si elles ne sont pas suivies ensuite ». Les niveaux préconisés ont été fixés « sur la base d’éléments scientifiques, il n’y a rien de folklorique », ajoute-t-il. Du côté de Générations Futures, on appelle ainsi les autorités de santé à « faire passer le message » aux populations, en particulier aux personnes les plus concernées, à savoir les femmes enceintes et les parents de très jeunes enfants.
Des recommandations en vigueur depuis 2019
Interrogée par TF1info, la Métropole européenne de Lille (MEL) assure rester « en vigilance constante » et explique qu’elle suit depuis 2019 un « principe de précaution ». À ce titre, elle incite à ce titre les habitants à « ne pas utiliser l’eau du robinet pour la préparation des biberons ». Il s’agit, nous dit-on, d’une « recommandation de 2019 qui n’a pas d’échéance et reste donc active depuis sa publication », on la retrouve d’ailleurs en ligne (nouvelle fenêtre), accessible au grand public. La MEL précise qu’à ce jour, « l’ARS n’a émis aucune nouvelle recommandation ni demande de communication particulière ».
L’ARS des Hauts-de-France, justement, glisse qu’elle « a intégré depuis plus de dix ans, sans que cela soit obligatoire, les perchlorates au contrôle sanitaire de l’eau de consommation dans toute la région ». L’institution – sur laquelle s’appuie la préfecture du Nord – indique à TF1info que « sur la métropole lilloise, les taux de perchlorates varient sur certains secteurs à la hausse comme à la baisse, autour du seuil de 4 µg/L depuis la mise en œuvre de ce contrôle ». Les prélèvements réalisés par l’ARS cet automne « montrent des valeurs légèrement supérieures à ce seuil, autour de 5 µg/L ». Soulignons qu’il s’agit là de résultats qui « demandent à être confirmés en raison de leur variabilité », par le biais d’une série de tests complémentaires. Une procédure, actuellement en cours, rapportent les autorités sanitaires, et qui devrait bientôt livrer ses conclusions.
L’ARS rappelle que l’outil en ligne mis en avant par Générations Futures s’appuie sur des données en open data, fournies par ses propres services. La fiabilité des relevés n’est donc pas remise en cause. L’agence précise aussi que cette carte ne porte pas directement « sur la potabilité de l’eau en France », mais qu’elle se focalise « sur la présence de pesticides et autres substances chimiques, y compris à des niveaux bas qui respectent les normes sanitaires en vigueur ». Afin d’informer les populations « de la qualité globale de l’eau distribuée, […] un bulletin annuel est transmis chaque année aux abonnés avec leur facture d’eau ».
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Thomas DESZPOT
