Cédric Heymans était à deux doigts de quitter Toulouse. Lettre de rupture prête, accord trouvé, Biarritz qui lui tend les bras. Et puis Guy Novès est entré dans un bureau. Tout a changé.

Au moment où il raconte cette histoire à Gauthier Baudin, Heymans parle à cœur ouvert. Il ne maquille rien. À l’époque, la relation avec son entraîneur est compliquée, presque bloquée. « Il y a de la confiance et du respect réciproque, mais on ne trouve pas le moyen de se comprendre. Moi par mes actions, lui par ses choix. » Difficile de trouver sa place quand, autour de lui, Emile Ntamack, Vincent Clerc ou Xavier Garbajosa enchaînent les performances. La compétition est énorme, la moindre baisse de confiance prend des proportions démesurées.
La demi-finale perdue à Montpellier face à Agen fait tout exploser. Heymans n’en peut plus. « Je demande à quitter le club alors qu’il me reste un an de contrat. Biarritz me fait les yeux doux, je me dis “feu”. » Son choix est clair. Il veut partir. Avec son beau-père, il monte négocier sa rupture de contrat avec René Bouscatel. La lettre est rédigée, et surtout : elle prévoit zéro indemnité. « J’ai la lettre de rupture contre zéro indemnité. » Il n’y a plus qu’à signer. Tout est prêt.
Le jour où Novès passe la porte du bureau
C’est à cet instant que la scène bascule. « Au moment de la signer, Guy Novès rentre dans le bureau. Je me dis : “Mais qu’est-ce qu’il fait là ?” » Personne ne l’attendait. Pas même Heymans. Mais Novès demande simplement s’ils peuvent parler. L’échange qui suit est d’une franchise rare. L’entraîneur pose tout sur la table. « C’est un échec, pour toi, pour moi, pour le club. On n’a pas réussi à se trouver, mais on ne doute pas de tes capacités de joueur, de ta capacité à t’imposer au Stade Toulousain. »
Puis il touche là où ça fait mal : la manière de jouer, l’intention, la motivation. « Aujourd’hui, ce que tu produis à Toulouse… que t’ailles à Biarritz ou ailleurs, ça sera toujours pareil. Il faut que tu règles le pourquoi tu joues, comment tu joues. Il faut que tu arrêtes de jouer pour prouver, il faut que tu joues pour performer. » Heymans ne masque pas sa réaction : « Et il me vexe grave. » Mais ces mots le recadrent, le réveillent, presque brutalement.
Une phrase lancée sur un coup de tête… qui deviendra réalité
Blessé, piqué, mais lucide, il lâche une décision aussi instinctive que définitive : « Sur un coup de tête, je lui dis : “J’y vais pas à Biarritz, je m’arrangerai avec eux. Par contre, dans six mois, c’est toi qui viendras pour me faire resigner.” » Six mois plus tard, la prédiction se réalise. « Et six mois après, il est revenu en me disant : “On resigne ?” ». S’en suivra une carrière pleine pour l’ancien ailier/arrière avec deux Boucliers de Brennus et trois Coupes d’Europe avec le Stade Toulousain mais aussi trois Tournois des Six Nations avec le XV de France et une fin de carrière jouée… à l’Aviron Bayonnais.
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