On ne distingue pas leurs yeux, mais ils nous regardent, droit dans les pupilles. La peau teintée de ciels bleu-vert-jaune, de mystérieux personnages s’affichent sur des murs de l’hypercentre de Nantes, depuis quelques jours. Du papier kraft peint à l’acrylique, collé ici et là. Rue des Carmélites, une casquette jaune vissée sur la tête, l’un est enfoncé dans un fauteuil pourpre moelleux comme ceux que peut vendre le magasin d’antiquités planté à cet endroit. À l’angle des rues de Verdun et Saint-Pierre, un autre coiffé de rouge, un bidon de lait à la main, tourne la tête vers les passants.

« Il y a toujours un sens »

photo « le laitier », signé tehow, est visible à l’angle de la rue de verdun et de la rue saint-pierre, dans le centre-ville de nantes (loire-atlantique).  ©  ouest-france

« Le laitier », signé Tehow, est visible à l’angle de la rue de Verdun et de la rue Saint-Pierre, dans le centre-ville de Nantes (Loire-Atlantique). Ouest-France

Teo Gueguin-Caillaud, alias Tehow, signe ces créations picturales urbaines, éphémères par nature. « Il y a toujours un sens. La contemplation, l’anonymat, l’altération de notre identité… » Âgé de 27 ans, ce Nantais (depuis sept ans) est un autodidacte. « Je fais beaucoup de tableaux, je cherche des choses, j’apprends. » Il colle, « dans des endroits esthétiquement intéressants », ses silhouettes nées chez lui. « Un peu à la Ernest Pignon-Ernest [l’un des précurseurs de l’art urbain en France] ». Soit il a préalablement repéré ses spots, soit il tombe dessus, en marchant, ses œuvres roulées sous le bras.

Ces prochains jours, vont apparaître de nouveaux inconnus aux tons saturés faisant partie d’une série de vingt-cinq, prêts à attiser la curiosité. Histoire de « questionner notre rapport au numérique, ce que celui-ci engendre ». De l’art bien vivant, entre esthétisme et poésie !