Par
Gabriel Kenedi
Publié le
20 nov. 2025 à 20h02
Haut lieu de la photographie et véritable joyau du patrimoine à Toulouse, le Château d’Eau rouvre ses portes au public le samedi 22 novembre 2025, après avoir bénéficié d’importants travaux de rénovation (moyennant une enveloppe de 4,2 millions d’euros). Fermé au public depuis plus d’un an, à quoi ressemble ce bâtiment emblématique de la Ville rose ? On vous le fait visiter en avant-première.
Un lieu longtemps désaffecté
À partir du samedi 22 novembre 2025, les Toulousains vont pouvoir découvrir le nouvel écrin de ce bâtiment chargé d’histoire, édifié en 1823 après un don du Capitoul Charles Laganne (qui avait légué en 1789 quelque 50 000 pièces d’or à la Ville afin d’améliorer l’accès à l’eau potable).
L’eau puisée sous l’actuel pont Saint-Michel, débarrassée de ses boues dans la pairie des Filtres, puis stockée dans le château d’eau, alimentait alors les 90 fontaines publiques de la Ville rose. Mais 30 ans plus tard, l’eau courante arrivait directement au domicile des Toulousains… et le Château d’Eau était désaffecté, cinquante ans à peine après sa construction.
La patte de Jean Dieuzaide
Le magnifique escalier, inaccessible au public, est le symbole d’un lieu atypique au niveau architectural. (©Gabriel Kenedi / Actu Toulouse)
Il aura donc fallu attendre un siècle pour que Jean Dieuzaide donne une seconde vie à ce Château d’Eau reconnaissable grâce à sa tour de 30 mètres de haut. Le célèbre photographe toulousain eut l’audace de créer la première galerie publique de France exclusivement consacrée au 8e art. L’inauguration, qui se déroule en 1974, est marquée par une exposition consacrée à Robert Doisneau, qui remporte alors un franc succès. Depuis, quelque 600 expositions ont été présentées dans ce lieu d’expo atypique aux contours cylindriques.
Mais ce lieu — classé aux Monuments historiques depuis 1987 — et qui concentre des contraintes architecturales fortes, n’avait pas connu de travaux d’ampleur depuis les années 80. Pendant plus d’un an, d’importants travaux de rénovation ont donc été menés afin de remettre le Château d’Eau au goût du jour.
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Des travaux spectaculaires
Le Château d’Eau bénéficie de nouveaux aménagements. (©Gabriel Kenedi / Actu Toulouse)
Et les travaux ont été parfois spectaculaires ! « Sous le pont neuf, nous avons débouché une arche, ce qui nous a permis d’augmenter la surface d’exposition de 30% », indique Pierre Esplugas-Labatut, adjoint au maire en charge des musées.
Les changements sont plutôt nombreux : les visiteurs passeront désormais par une nouvelle entrée, le pavillon du jardin (qui sert désormais de lieu d’accueil, de billetterie et de boutique), tandis que les différents espaces ont été harmonisés, afin de rendre plus lisible le parcours de la visite.
« Un lieu plus adapté à la création photographique actuelle »
Ce n’est plus par cette entrée que l’on rentre ! (©Gabriel Kenedi / Actu Toulouse)
Car le Château d’Eau est un petit labyrinthe… et il a fallu jouer à Tetris ! Mais à l’issue du chantier, le bâtiment principal — caractérisé par sa tour de 30 mètres de haut — et la deuxième galerie sont à présent entièrement dédiés à la visite, tandis que le parc qui entoure l’édifice a également été aménagé. L’espace bibliothèque et documentation a, lui aussi, été aéré et agrandi. Enfin, et c’est à souligner, le lieu est dorénavant aux normes, niveau accessibilité. « Pour la première fois, le Château d’Eau est accessible partout, y compris au sous-sol », se réjouit Magali Blénet, la directrice du Château d’Eau.
« Désormais, le parcours est plus fluide, plus clair et plus adapté à la création photographique d’aujourd’hui. Jusqu’à présent, on n’avait pas forcément la capacité de présenter de nouvelles formes d’installations ou des créations vidéo. Il fallait donc s’adapter à ses nouvelles formes de monstration, et c’est chose faite », ajoute-t-elle.
Une expo inaugurale consacrée à Sophie Zénon
L’exposition inaugurale, consacrée à l’œuvre de Sophie Zénon et baptisée « L’humus du monde », occupe ainsi les trois espaces du Château d’Eau : les deux étages de la tour, et la deuxième galerie.
L’artiste y propose une lecture de son œuvre en s’inspirant de l’architecture si atypique du Château d’Eau. « Imaginez, vous êtes en forêt un jour d’été, il fait super chaud et il y a un énorme orage. Vous marchez, les odeurs montent, les feuilles, la terre, les champignons… Tout cet humus qui remonte du sol. Pour moi, l’humus, c’est à la fois l’accumulation de toutes ces strates de feuilles et d’histoire, cette odeur de décomposition et le ferment vital qui va donner la source de vie… Tout mon travail repose sur cette idée de passage du temps, de cycle de vie et de mort, de renaissance, de la place laissée à la mémoire, à la perte, à l’absence, mais aussi à l’exil et à l’immigration », explique Sophie Zénon.
Qui ajoute : « Le lieu a une physionomie tout à fait particulière, mais pour moi, le cercle est une métaphore fantastique du cycle de la vie et de la mort ».
L’exposition se tiendra du 22 novembre au 8 mars 2025. Suivront dans les prochains mois, des expositions consacrées à Anne Delplantez, Pierre-Elie de Pibrac ou encore à Chema Madoz.
Plus d’infos sur le site du Château d’Eau.
Les images du Château d’Eau :
Dans la tour, l’espace de visite a été légèrement agrandi. (©Gabriel Kenedi / Actu Toulouse)
La deuxième galerie s’offre un nouveau visage. (©Gabriel Kenedi / Actu Toulouse)
La deuxième galerie s’offre un nouveau visage. (©Gabriel Kenedi / Actu Toulouse)
L’espace bibliothèque a été déplacé et agrandi. (©Gabriel Kenedi / Actu Toulouse)
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