C’est la plus jeune des 30 victimes attribuées par l’accusation à l’ex-anesthésiste Frédéric Péchier. Le cas de Tedy, 4 ans, qui a subi un arrêt cardiaque en 2016 lors d’une banale opération des amygdales, est examiné ce jeudi par la cour d’assises du Doubs. Après deux jours de coma et cinq jours en réanimation, l’enfant a survécu.
Le 22 février 2016, son opération des amygdales, prévue à la clinique Saint-Vincent de Besançon, n’a jamais pu avoir lieu. Entré au bloc à 13h30, il a été victime d’un arrêt cardiaque « dans les 10 minutes », détaille Olivier Verguet, le directeur d’enquête.
« Un arrêt cardiaque chez un enfant », c’est d’une « rareté absolue », a souligné le policier, observant que Tedy, « sans antécédents particuliers », avait « déjà été opéré un an plus tôt pour les végétations et tout s’était passé le plus naturellement du monde ». « Ce qui lui est arrivé, c’était improbable », a renchéri l’avocate générale Christine de Curraize.
« L’incompréhension » des médecins
L’arrêt cardiaque est déclaré à 13h40, le Dr Péchier arrive à 13h41 pour aider à sa réanimation. La situation est alors « très très catastrophique » et lorsque le Samu arrive, l’enfant est en arrêt cardio-respiratoire, décrit Olivier Verguet. Transféré au CHU, le petit garçon « va s’en sortir » mais cette situation a « véritablement choqué la communauté médicale » et laissé les médecins dans « l’incompréhension », rapporte l’enquêteur.
« Des interventions d’enfants, j’en ai pratiqué plusieurs milliers, c’est le seul cas que j’ai eu », souligne le médecin ORL qui devait opérer Tedy, Thierry Loriod. Il a décrit un enfant « extrêmement calme », sans « stress particulier ». Des experts ont évoqué des hypothèses d’intoxication à la lidocaïne et au potassium. En garde à vue, Frédéric Péchier avait contesté toute implication et attribué la réaction du garçonnet à l’utilisation de patchs anesthésiants.
Le cas troublant de Laurence Nicod
Aujourd’hui âgé de 14 ans, le collégien présente des « séquelles physiques, qui le restreignent dans sa pratique sportive » et des « séquelles cognitives », dont des « lenteurs d’apprentissages ».
Un autre cas, également survenu en 2016 dans le même établissement, a été évoqué. Celui de Laurence Nicod, 49 ans, décédée en avril après un arrêt cardiaque survenu en salle de réveil, à la suite d’une opération de l’épaule. L’autopsie avait révélé une intoxication à la mépivacaïne et au tramadol.
Il risque la réclusion criminelle à perpétuité
Selon les enquêteurs, Frédéric Péchier pourrait avoir voulu viser Catherine Nambot, qui était opérée le même matin et aurait pu recevoir les produits incriminés. Elle était la compagne d’un autre anesthésiste, avec lequel il était en conflit.
Notre dossier sur l’affaire Péchier
Frédéric Péchier, 53 ans, est jugé pour 30 empoisonnements dont 12 mortels. L’ex-anesthésiste, qui clame son innocence, comparaît libre. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu le 19 décembre.