L’Australie a perdu sept de ses neuf derniers matchs, dont ses trois en Europe en novembre (Angleterre, Italie et Irlande). Que se passe-t-il ?
Tout d’abord, il y a eu beaucoup de changements dans l’équipe, ça n’a pas permis de maintenir une dynamique. Ensuite, je pense qu’il y a une fatigue émotionnelle – pas…
L’Australie a perdu sept de ses neuf derniers matchs, dont ses trois en Europe en novembre (Angleterre, Italie et Irlande). Que se passe-t-il ?
Tout d’abord, il y a eu beaucoup de changements dans l’équipe, ça n’a pas permis de maintenir une dynamique. Ensuite, je pense qu’il y a une fatigue émotionnelle – pas physique, car les Wallabies ont l’habitude de jouer leur meilleur rugby vers la fin de l’année. Ils ont l’air un peu à plat, ont perdu du mordant. La tournée contre les Lions (trois matchs cet été, NDLR) a eu un impact important là-dessus. Deux semaines plus tard, ils ont enchaîné avec le Rugby Championship. Il est évident que ça use psychologiquement.
Qu’est-ce qui vous inquiète le plus ?
Il n’y a pas vraiment de préoccupation majeure. Il s’agit plus de terminer l’année sur une bonne note, en gagnant à Paris. Il y a eu pas mal de positif cette année, l’équipe a grandi, pris de l’expérience. Ce qui compte, c’est de voir une réaction au Stade de France après la défaite décevante en Irlande.
Il est déjà acquis que Les Kiss, ancien manager de l’Ulster, des London Irish et des Queensland Reds, remplacera Joe Schmidt en août 2026. Est-ce une bonne stratégie d’après vous ?
Sa nomination a été annoncée il y a plus de six mois, car on savait que Joe Schmidt allait partir (l’Irlandais était censé partir cet automne mais a accepté de prolonger d’un an, NDLR). Les Kiss a travaillé dans le staff de Schmidt avec la sélection irlandaise, connaît le programme mis en place. Ce sera une transition facile. Tout le monde a hâte de voir l’influence que Kiss aura sur l’équipe. C’est peut-être le changement dont on a besoin.
Quels joueurs vous plaisent dans l’effectif actuel ?
J’apprécie l’arrière Max Jorgensen. Je trouve que Len Ikitau joue extrêmement bien en premier centre. Ils ont 21 et 22 ans et représentent l’avenir. L’autre centre, Joseph Sua’ali’i, est très bon mais ne voit pas assez le ballon, il y a une forme de déconnexion entre la charnière et les trois-quarts. Fraser McReight, en numéro 7, fait du très bon boulot aussi. Globalement, notre pack est jeune.
La dernière victoire de l’Australie dans le Rugby Championship remonte à dix ans, celle d’une franchise australienne dans le Super Rugby à onze ans. Que peuvent espérer les Wallabies pour la Coupe du monde 2027 qui sera à domicile ?
C’est d’abord une histoire de cycles : les Wallabies dominaient à la fin des années 90 et au début des années 2000, puis ce fut le tour des All Blacks, et maintenant des Sud-Africains… On est sur une phase de croissance. Nous avons les jeunes qui arrivent et qui sont accompagnés de joueurs expérimentés comme Tate McDermott à la mêlée, l’ouvreur Noah Lolesio ou Tom Wright, un arrière de classe mondiale. Les trois sont blessés en ce moment. Il y a encore beaucoup de matchs à jouer d’ici cette Coupe du monde, donc des opportunités pour ces jeunes de se développer. Ils joueront dans leur pays. À vrai dire, il y a de quoi être enthousiaste et assez optimiste.

A.A.-C.
À quel match vous attendez-vous ce samedi ?
Je pense que les Français vont beaucoup jouer au pied dès le début du match car ça a été notre faiblesse sur les derniers matchs. Et si nous ne bottons pas bien nous-mêmes, on sera en danger car les Français sont redoutables dans le désordre et quand il faut contre-attaquer. Ils ne sont pas au mieux, j’espère qu’ils ne redémarreront pas contre nous (sourire). Je suppose qu’ils se sont fait pas mal critiquer dans les médias, ça les rend dangereux. C’est toujours plus difficile de jouer les Français après qu’ils ont perdu plutôt qu’après une victoire.
Parlons un peu du passé. Vous avez affronté dix fois la France. Un match vous a-t-il plus marqué que les autres ?
Bien sûr : celui qu’on gagne 59-16 au Stade de France en novembre 2010. Un soir où tout a fonctionné, même les rebonds étaient en notre faveur. On était en feu. Les gros matchs internationaux sont souvent serrés, durs, physiques. Contre les Français, c’est toujours une belle bagarre. Mais ce soir-là, on pouvait envoyer le ballon partout, ça marchait. On franchissait, on jouait par-dessus, on mettait du mouvement… On a eu un peu de ce que vous appelez le « French flair », mais contre vous ! (rires) C’était assez agréable. Dans une carrière, ce genre de soir est rare. On a gagné d’autres matchs chez nous, en été, mais c’est toujours différent de jouer en France à ce moment-là de la saison.
Quels joueurs français vous ont marqué ?
Aurélien Rougerie était l’un des meilleurs 13 de France. C’était toujours sympa de se mesurer à lui. J’ai pas mal joué contre Frédéric Michalak, un magicien. J’ai aussi croisé Sébastien Chabal. Un animal. J’étais à Bordeaux quand Matthieu Jalibert arrivait du centre de formation. Et enfin, Baptiste Serin, qui est dans une forme étincelante si j’ai bien suivi.
Quels souvenirs avez-vous gardés de vos 18 mois à l’Union Bordeaux-Bègles (décembre 2015 – juin 2017) ?
De super souvenirs. Des amitiés qui persistent – j’échange toujours avec Baptiste Serin, Jean-Baptiste Dubié et Nans Ducuing. J’ai passé des moments géniaux avec plein de mecs. J’ai eu la chance de pouvoir jouer en France ! La ville était magnifique, on vivait aux Quinconces, en plein centre-ville. Quand des amis ou de la famille étaient là, on allait à Saint-Émilion. Du bon vin, de la bonne nourriture… J’ai passé une tête au club en 2023 à l’occasion de la Coupe du monde, c’était cool de recroiser du monde.

Adam Ashley-Cooper avec l’UBB le 27 décembre 2015.
AFP
Il ne vous a pas échappé que le club a bien progressé depuis votre départ…