PABLO PORCIUNCULA / AFP
La ministre française de la Transition écologique, Monique Barbut, s’entretient avec des journalistes lors de la COP30, à Belém, au Brésil, le 21 novembre 2025.
EN BREF • La France et l’Union européenne critiquent l’absence de mention des énergies fossiles dans le projet d’accord de la COP30.
• La ministre Monique Barbut pointe la Russie, l’Inde et l’Arabie saoudite qui bloquent les progrès.
• La COP30 risque de se terminer sans accord, ce qui serait un échec pour le Brésil, pays hôte du sommet.
À quelques heures de la fin, les négociations climatiques de la COP30 tournent au chaos, ce vendredi 21 novembre. « Au stade où on en est, on n’a plus rien ! », s’est indignée la ministre française de la Transition écologique, Monique Barbut, devant un groupe de journalistes. L’Union européenne évoque désormais ouvertement la perspective d’une COP30 « sans accord », ce qui représenterait un échec humiliant pour le Brésil, pays hôte du sommet.
Concrètement, la France s’indigne que la présidence brésilienne du sommet ait présenté un projet de texte comportant une omission de taille : il n’y est fait aucune mention des énergies fossiles. Or la réduction du pétrole, du gaz et du charbon est absolument essentielle pour freiner la progression du changement climatique. « La feuille de route pour sortir des énergies fossiles ? Elle n’existe plus là ! », a déploré Monique Barbut en milieu d’après-midi.
« On attend qu’il y ait un mot reconnaissant le fait que les énergies fossiles sont en partie responsables du réchauffement climatique. On attend aussi qu’on dise que les contributions nationales, qui sont une obligation de l’accord de Paris, doivent être renforcées et montrer qu’elles s’inscrivent dans un objectif de trajectoire de + 1,5 °C. Ce sont les deux choses qu’on demande, pas plus, juste une mention », a insisté la ministre.
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Derrière cette revendication, Paris désigne clairement les États qui bloquent. La France pointe du doigt la Russie, l’Inde et l’Arabie saoudite, accusés d’empêcher tout progrès vers une sortie des énergies fossiles. « Ceux qui bloquent le plus ? On les connaît tous. Ce sont les pays pétroliers, bien évidemment. La Russie, l’Inde, l’Arabie saoudite. Mais rejoints par beaucoup de pays émergents », a rappelé Monique Barbut.
La COP30 pourrait se terminer sans accord
La tension est d’autant plus forte que les délégations doivent désormais entrer en plénière, où le projet de texte sera présenté et discuté devant l’ensemble des pays. Pour les Européens, il s’agira de signifier officiellement que le document actuel est inacceptable. Cette séance s’annonce décisive : si aucun compromis n’émerge, la COP pourrait s’achever sans accord.
Ce constat partagé par l’Allemagne. « Le texte ne peut pas rester tel qu’il est », a affirmé le ministre allemand de l’Environnement Carsten Schneider dans une déclaration transmise à l’AFP, prévenant que « les négociations seront difficiles ». « Ce qui est actuellement sur la table est inacceptable », a également déclaré le commissaire au climat, Wopke Hoestra, à des journalistes. « C’est malheureux à dire, mais nous sommes vraiment face à un scénario sans accord ».
Pour la ministre colombienne de l’Environnement Irene Velez Torres, la COP30 « ne peut se terminer sans feuille de route pour abandonner les combustibles fossiles ». Le projet a aussi immédiatement été rejeté par des ONG. « C’est comme une page blanche, il y a si peu pour combler le manque d’ambition pour en rester à 1,5 °C de réchauffement, ou pousser les pays à accélérer l’action », a réagi Tracy Carty de Greenpeace. Il est « extrêmement décevant » selon WWF.
Pour de nombreux pays européens et latino-américains, l’absence de toute référence explicite aux combustibles fossiles revient à vider le texte de son sens : sans nommer les sources d’émissions, aucun engagement crédible ne peut être inscrit dans l’accord final, rendant impossible d’exiger des efforts concrets ou de mesurer les avancées dans les prochaines années.