Par
Léa Pippinato
Publié le
21 nov. 2025 à 12h57
Tout est parti d’une chute. « Mon fils avait un an et demi. En tombant de sa draisienne, il s’est retourné une dent », se souvient Manon Sauter. « J’ai appelé tous les cabinets possibles. Personne ne voulait le recevoir parce qu’il avait moins de six ans. » Deux dentistes pédiatriques seulement exercent sur Montpellier. « Je me suis retrouvée avec un enfant en pleurs, la bouche en sang, et aucune solution. J’ai mis plus de 24 heures à obtenir un rendez-vous. » Cette nuit éprouvante devient le point de départ de Famille Santé.
Les recherches confirment le sentiment de la fondatrice. « On s’est rendu compte qu’en zone rurale, c’était pire encore. » En France, 87 % du territoire est considéré comme désert médical pédiatrique. Plus d’un enfant sur deux vit à plus d’une heure d’un médecin.
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Un projet soutenu par un incubateur
Le déclencheur personnel se transforme en projet collectif. « On a intégré le programme Prépa French Tech Tremplin. Cela nous a aidés à structurer l’idée. » Une subvention de 35 000 euros finance les premières embauches et le développement technique. Aujourd’hui, l’équipe compte deux associés et trois salariés.
La plateforme repose sur un principe clair : l’orientation. Si l’enfant a moins de trois mois et présente de la fièvre, il est dirigé vers les urgences immédiatement. Les symptômes sont passés au crible, comme lors d’une admission hospitalière. Selon les cas, les familles sont dirigées vers un hôpital, un cabinet en ville ou une téléconsultation avec l’un des vingt médecins partenaires. « Nous voulons offrir une réponse en quelques minutes quand c’est urgent, et dans les 48 heures pour les suivis plus classiques. » Le dossier médical partagé figure parmi les points forts. Toutes les consultations génèrent un compte rendu qui s’ajoute directement au dossier de l’enfant. La confidentialité reste garantie : « Les données sont encryptées. Même nous, administrateurs, nous ne pouvons pas les lire. »
Désengorger les urgences
La start-up veut aussi soulager les services saturés. « Aujourd’hui, 70 % des admissions aux urgences pédiatriques concernent des cas bénins », rappelle Manon Sauter. Famille Santé s’appuie aussi sur un réseau élargi : psychologues, kinés, ostéopathes, nutritionnistes. La rareté des spécialistes reste un obstacle. « On manque de vocations. La pédiatrie exige trois à quatre années de spécialisation après la médecine générale. Cela freine beaucoup d’étudiants », déplore-t-elle. Certaines communes offrent logement gratuit aux médecins, sans succès. Famille Santé concentre ses efforts sur l’Occitanie. « Nous préférons rester locaux pour bien nouer nos partenariats. Ensuite, nous irons dans les zones qui nous sollicitent, comme la Corrèze ou la Lorraine. »
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