Par

Nicolas Zaugra

Publié le

22 nov. 2025 à 7h18

Après Jean-Michel Aulas à la conquête de la mairie de Lyon, vise-t-il la Métropole de Lyon également gérée par les écologistes ? Les deux élections, au suffrage direct, se déroulent en même temps en mars 2026. Et le candidat porté par une dynamique incontestable dans les sondages (47% au premier tour et vainqueur sur Grégory Doucet au second) vise bien la super collectivité aux pouvoirs étendus (transports, voirie, développement économique, logement, urbanisme…). Selon nos informations, son mouvement « Grand Coeur Lyonnais » du nom de son mouvement sera lancé en décembre. Voici ce qui se trame en coulisses.

14 listes « Grand Coeur Lyonnais » en préparation

En parallèle de sa campagne municipale, qui se poursuit – le candidat a nommé trois directrices de campagne – Jean-Michel Aulas prépare une autre conquête, celle de la Métropole où se concentrent l’essentiel des pouvoirs et des budgets.

La ZFE c’est là que ça se joue, comme le développement des pistes cyclables, des transports en commun en le lien du Sytral ou le logement. Et la plupart de ses promesses de campagne sont fléchées vers la Métropole, de la gratuité des TCL en passant par la relance du logement, la suppression de l’encadrement des loyers, le développement du métro…

« Le maire de Lyon ne peut pas se désintéresser de la Métropole. Grégory Doucet était aux abonnés absent pendant son mandat, il s’est fait marcher dessus par Bruno Bernard », attaque un proche d’Aulas. Comprendre, ça ne sera pas le cas de Jean-Michel Aulas s’il est maire. 

Jean-Michel ne peut pas se désintéresser de la Métropole comme Grégory Doucet pendant six ans. On compte ses interventions sur les doigts d’une main.

Proche d’Aulas

Le maire de Lyon et le président de la métropole « doivent être alignés » sur la vision, estime Alexandre Vincendet, le maire Horizons de Rillieux-la-Pape. C’est d’ailleurs le premier élu de poids à annoncer officiellement, jeudi chez BFM Lyon, qu’il conduira une liste « Grand Coeur Lyonnais » dans sa circonscription du plateau-nord.

Aulas et ses équipes préparent bien 14 listes y compris bien sûr dans les six circonscriptions lyonnais métropolitaines dont l’une sera conduite par l’ancien président de l’OL. Un nom est tout trouvé : « Grand Coeur Lyonnais » comme « Coeur Lyonnais » son mouvement municipal lancé en septembre.

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« Je ne veux pas être président »… mais vice-président

Lors d’un déplacement à la Vogue des marrons début novembre, Jean-Michel Aulas a évacué toute ambition de présider la Métropole. « Je ne veux pas être président, je n’ai pas vocation à le devenir », dit-il. Mais jeudi, le candidat a assuré devant la chambre syndicale des propriétaires qu’il visait un poste de… vice-président sans dire lequel.

Des discussions très difficiles avec Véronique Sarselli des Républicains

Selon nos informations, Aulas espère lancer son offensive métropolitaine en décembre et finaliser ses listes en février mais pour ça il lui faut une large alliance du centre et de la droite dont Les Républicains. Et c’est avec la principale cheffe de file de la campagne, Véronique Sarselli (LR), maire de Sainte-Foy-lès-Lyon, que ça coince.

Le 13 novembre dernier, elle s’affiche avec 30 maires de la métropole mais l’équipe de Jean-Michel Aulas aurait été officiellement informé le jour même après la conférence de presse.

Un événement qui est présenté comme un coup de pression lancé à Aulas pour qu’il rejoigne la candidate. Et c’est mal connaître l’ancien boss de l’OL qui déteste la méthode et le lui fait savoir. Dans la foulée, elle annule en catastrophe une émission ce jeudi sur BFM Lyon remplacée au pied levé par… Alexandre Vincendet qui vient dire tout le bien qu’il pense de JMA « seul en capacité de nous faire gagner la Métropole face aux écologistes ».

La candidate LR à la Métropole de Lyon Véronique Sarselli lors d'une conférence de presse en avril 2025.
La candidate LR à la Métropole de Lyon Véronique Sarselli lors d’une conférence de presse en avril 2025. (©Nicolas Zaugra/ actu Lyon)Suppression de la ZTL, voies bus… Des propositions qui coincent

Une alliance entre Sarselli et Aulas serait toutefois imminente selon nos informations après de difficiles relations. Début novembre encore, lors d’un échange privé entre les deux, aucun accord n’était trouvé.

Les propositions « choc » de Véronique Sarselli ne passent pas auprès de Jean-Michel Aulas : supprimer purement et simplement la ZTL en Presqu’île, rouvrir les voies de bus aux voitures, lancer un bouton anti-arnaques pour les personnes âgées. « Nous n’avons été informé de rien », regrette l’entourage du chef d’entreprise.

Dans son propre camp, elle ne fait pas l’unanimité non plus. « Elle n’incarne pas », « sa communication n’imprime pas », « elle n’est pas transparente », « ne dialogue pas » sont les quelques qualificatifs soufflés en off par des maires de son parti…

L’élue de l’ouest lyonnais peut-elle se faire débrancher ? Dans le camp Aulas on jure que non mais dans sa propre famille certains en rêvent car Jean-Michel Aulas n’a aucun mal à dealer avec LR la présidence de la métropole en cas de victoire. « Il ne conteste pas la demande de leadership de LR pour la présidence de la métropole », nous souffle-t-on.

« Il peut faire basculer des circonscriptions de gauche »

Autour de Jean-Michel Aulas, on assure que la victoire de l’opposition à la Métropole a nettement plus de chances de se réaliser avec la marque « JMA » sur les listes.

Pour ça, ses conseillers s’appuient sur les derniers bons sondages qui montrent d’excellents scores chez les ouvriers et les employés, on parie sur des bascules possibles sur les territoires de Villeurbanne, Vaulx-en-Velin ou Vénissieux. « Vous mettez Aulas dans un quartier populaire, en bas d’une barre d’immeuble, c’est un tabac », s’enthousiasme un membre de sa garde rapprochée.

De premiers ralliements arrivent

En tout cas, le candidat a obtenu le ralliement d’un premier groupe d’opposition de la Métropole en fin de semaine, Synergie et ses 16 élus. « L’objectif est clair : rassembler largement pour redonner à la Métropole un cap lisible, une ambition crédible et une gouvernance à la hauteur des enjeux », écrit son président Marc Grivel dans un communiqué. « Synergies rejoint pleinement la démarche programmatique engagée par Cœur Lyonnais. Les priorités qui émergent sont convergentes », expliquent ces élus.

Et l’alliance large comme à la Ville est plutôt bien partie : Horizons l’a rejoint avec Alexandre Vincendet et les macronistes de Renaissance vont suivre. Une étape aisée, la chef de file du mouvement à la Métropole est Sarah Peillon, l’une des directrices de campagne de JMA. Il restera ensuite à boucler avec les LR, « une question de jours » et attirer des profils de la « société civile ». 

Bruno Bernard l’écologiste peut-il être bousculé par Jean-Michel Aulas après Grégory Doucet à la mairie de Lyon ? La tension risque aussi de se déplacer à la Métropole…

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