Tous les jours, Maurice Tissot, 96 ans, marche les 500 mètres qui le séparent de la résidence mutualiste Bernadette pour voir son épouse, Louise, d’une vingtaine de jours son aînée.
« Je n’ai pas pu venir hier, je me suis fait vacciner. Mais depuis trois ans qu’elle est ici, je viens chaque jour. » Histoire de perpétuer la longue vie commune de ce couple qui a célébré ses noces de platine, marquant 70 ans de mariage.
Tout a commencé lors d’un bal. « Quand j’étais jeune, avec mon ami, nous allions à tous les bals de Saint-Étienne, à pied ou en tram. » Jusqu’à celui où, en 1948, alors âgés de 19 ans, Louise et Maurice font connaissance, avant de se marier le 25 juin 1955. Ils ont eu deux enfants, Suzy et Éric, puis cinq petits-enfants et autant d’arrière-petits-enfants, au cours « d’une vie de travailleurs ».
À 96 ans, il s’occupe encore de son ménage et fait ses courses seul
Maurice a fait sa carrière aux Bennes Marrel comme essayeur hydraulique, d’abord rue Pierre-Copel, puis à Andrézieux-Bouthéon. « Nous étions 1 500 salariés à l’époque, nous faisions du matériel sensationnel. Je travaillais 55 à 60 heures par semaine », se souvient-il.
De son côté, Louise était couturière, puis vendeuse de fromages, puis de confiseries, rue des Frères-Chappe.
Le couple a longtemps vécu au Crêt-de-Roc, passant ses week-ends et ses vacances à Montrond-les-Bains, où Maurice avait construit une petite maison. « Une fois à la retraite, nous y allions cinq ou six mois. »
C’est aussi la retraite venue que Maurice et Louise ont commencé à beaucoup voyager, au sud de l’Europe et au-delà. « Ma femme a eu de gros soucis de santé et c’est ce qui l’a sauvée. Grâce aux voyages, elle a retrouvé un bon moral. »
Depuis l’entrée de son épouse à la résidence mutualiste, après avoir été son aidant, Maurice, bon pied bon œil malgré ce choc, refuse d’être aidé à son tour. « Il s’occupe tout seul de son ménage, il fait ses courses », précise sa fille Suzy.
« Même s’il y a eu quelques moments difficiles, on a eu une belle vie »
Adepte de foot et de rugby, il regarde la télé tous les soirs, suivant également l’actualité politique, employant pour sa classe des mots pas vraiment flatteurs. Il s’adonne aussi à la coinche, qu’il a pratiquée toute sa vie, parfois jusqu’à 3 heures du matin.
« Même s’il y a eu quelques moments difficiles, on a eu une belle vie », rembobine-t-il.