Le front des pays émergents et pétroliers s’est révélé insurmontable. Les Européens se sont résignés à accepter un accord mondial à la COP30 au Brésil, samedi 22 novembre 2025. Adopté par consensus lors de la séance de clôture, celui-ci n’appelle à accélérer l’action que de façon « volontaire » et ne fait qu’une référence indirecte à la sortie des énergies fossiles. « Au moins, il nous emmène dans la bonne direction », a déclaré le commissaire européen au climat, Wopke Hoesktra.
La ministre française Monique Barbut a ajouté que les Européens avaient préféré accepter ce texte en raison du « procès qui était de dire qu’une des raisons pour lesquelles on s’opposait à ce texte, c’était parce qu’on ne voulait pas payer de l’argent pour les pays les plus pauvres ». En 2023, les pays s’étaient engagés à « opérer une transition juste, ordonnée et équitable vers une sortie des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques », pour la première fois dans l’histoire des conférences sur le climat de l’ONU.
« Les États-Unis se retirent, les autres acteurs deviennent prudents »
Depuis, les pays qui produisent ou dépendent des énergies fossiles repoussent toutes les tentatives de répéter ce signal dans le cadre multilatéral. « Je suis heureux du résultat », a dit le chef de la délégation chinoise, Li Gao. « Cela montre que la communauté internationale veut faire preuve de solidarité et réalise des efforts communs », a-t-il ajouté.
« Alors que l’ambition climatique nationale ralentit, les négociations internationales sont désormais limitées par une volonté politique en déclin. Lorsque les États-Unis se retirent, les autres acteurs deviennent prudents et indécis », a déclaré l’analyste Li Shuo, de l’Asia Society à Washington. Une partie du monde en développement n’avait pas comme priorité la bataille contre les fossiles. Pour eux, les financements sont plus urgents et la COP30 leur livre un petit gain. Le texte de compromis prévoit un triplement de l’aide financière pour l’adaptation des pays en développement à l’horizon 2035, par rapport à l’objectif actuel de 40 milliards par an.
Engagements financiers pour les économies pauvres
Ces pays expliquent que de nombreuses économies, pauvres ou émergentes, n’ont pas les moyens de passer aux énergies renouvelables demain, ou tout simplement d’adapter leurs villes ou leurs agricultures à un climat déréglé. Ils réclament des pays les plus riches des engagements financiers supplémentaires pour aider les nations qui le sont moins. Est-ce assez ? « Pas vraiment. Mais les négociations intergouvernementales travaillent sur le plus petit dénominateur commun. Mais notre combat continue », dit un négociateur du Bangladesh.
L’accord prévoit d’instituer un « dialogue » sur le commerce mondial, une première dans les négociations climatiques. La Chine, qui mène la fronde des pays émergents contre les taxes carbone aux frontières, en avait fait sa priorité.
La présidence brésilienne aura jusqu’au bout refusé d’inclure dans son texte la création d’une « feuille de route » sur la sortie des énergies fossiles, pourtant prônée par le président brésilien Lula lui-même sur place. Elle a tout de même annoncé son intention d’en lancer prochainement une sur cet aspect et une seconde contre la déforestation, pour les pays volontaires. « Nous savons que certains d’entre vous avaient des ambitions plus grandes » pour certains des sujets abordés, a reconnu le diplomate brésilien président de la conférence, André Correa do Lago.