Par

Lisa Rodrigues

Publié le

23 nov. 2025 à 7h32

Mardi matin dans les allées de l’Intermarché Foch de Grenoble. Pierre-Jean, presque retraité de 62 ans, cherche son péché mignon : les bananes séchées. Dans sa quête, il est aidé par Marie, 22 ans, étudiante en criminologie. Une scène qui n’a rien de particulier, si ce n’est que les deux n’ont aucun lien de parenté : Marie est « Compagnon d’emplettes », un petit job étudiant à portée sociale.
« Tous les mardis matin, je suis là, sourit la jeune femme. Je vais suivre les personnes âgées dans leurs courses, pour que ça soit un moment convivial, qu’on puisse parler ensemble. Que les courses deviennent un moment qu’elles aiment faire. » 

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Un service deux fois par semaine

Cela fait deux ans que des étudiants grenoblois viennent deux fois par semaine, les mardis et samedis de 9h30 à 11h30, au supermarché du boulevard Maréchal-Foch.

@actufrgrenoble

À l’Intermarché Foch à Grenoble, des étudiants sont payés pour faire vos courses 🛒💰 C’est le principe des Compagnons d’Emplettes, un service créé par la structure Mains d’Argent pour aider les personnes âgées et isolées 🤝 #actu #pourtoii #market #reportage

♬ Elegant – Bonoy HR

« C’est un service qui a aujourd’hui du sens », insiste Delphine Rossi, gérante du magasin, qui ne se voit pas arrêter le partenariat avec Mains d’Argent, la structure qui se charge du recrutement et de la formation des Compagnons d’Emplettes.

Foch, c’est un village dans Grenoble. On a des personnes isolées ou en situation de handicap qui viennent. Ce service, il va au plus fort des attentes de ces personnes, sans qu’elles renoncent à leur indépendance. Et puis, ça crée de l’emploi : les jeunes ont un job étudiant rémunéré.

Delphine Rossi
Gérante de l’Intermarché Foch

Pour bénéficier du service – gratuit pour les bénéficiaires – dans son magasin et celui du cours Berriat, Delphine Rossi débourse environ 500 euros par mois. « Mais je ne calcule pas le nombre de personnes prises en charge ou le montant de leur panier. Je me refuse à le faire ! » 

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« Ça fait de la compagnie »

Les bénéficiaires que la rédaction a rencontré sont tous des habitués du service, qu’ils ont connu par le bouche-à-oreille ou simplement en venant faire leurs courses.

Dans les allées du supermarché, Charlotte, 21 ans, est avec Jacqueline, 79 ans. La retraitée est une habituée des Compagnons d’Emplettes. « Je viens tous les mardis pour avoir quelqu’un qui m’aide. Ça m’est utile pour prendre les affaires, les entrer et les sortir du sac. Ça fait de la compagnie ! »

Pierre-Jean, malvoyant, est, lui aussi, convaincu de l’aide apportée par les jeunes. « Des fois, je leur demande le prix, de lire les petites informations sur les boîtes. Ils me font le sac à la sortie. Et on discute ! » 

« On tisse des liens »

Charlotte fait ce travail, payé 12€ de l’heure, depuis un peu plus d’un an maintenant. « Je l’ai trouvé sur le site du CROUS quand j’étais en BTS, je cherchais un job étudiant. » En travaillant les mardis et les samedis, elle arrive à se dégager environ 150 euros par mois, un petit complément à sa rémunération pour son service civique.

Marie a démarré il y a six mois. Comme sa collègue, elle ne fait pas Compagnons d’Emplettes pour la rémunération. « Ça me fait du bien à moi et à eux. Et puis, c’est toujours sympa de revoir les habitués. On se dit à chaque fois ‘à la semaine prochaine’, on tisse des liens. »

Il y a une dame avec qui j’ai beaucoup parlé de livres et de polars, comme j’adore ça et elle aussi. Ce matin elle est passée et elle m’a apporté une dizaine de livres d’Agatha Christie !

Marie
Étudiante et Compagnon d’Emplettes

Une relation qui n’étonne pas Delphine Rossi. « Il y en a même qui sont invités le midi à manger ou qui ont des chocolats à Noël ! C’est un vrai lien social. »

« Tant que je peux, je continue »

La gérante espère bien pouvoir un jour « aller plus loin » et développer d’autres services pour les personnes isolées avec différents partenaires, comme le CCAS de la Ville. 

En attendant, les Compagnons d’Emplettes de Foch continuent leur mission : les deux étudiantes ne se voient pas arrêter de sitôt. « Tant que je peux, je continue, tranche Marie. Et si un jour je déménage, je sais que c’est présent dans plein de villes ! »

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