Un vent annonciateur de promesse au Royaume-Uni.

Le 11 novembre 2025. Le vent au nord de l’Angleterre a envoyé des bourrasques phénoménales au-dessus de l’Écosse. Des milliers de pales en ont profité pour tourner à plein régime. Résultat : 22,7 gigawatts d’électricité générés par le vent, un record absolu pour le Royaume-Uni.

Ce soir-là, le vent suffisait à alimenter 22 millions de foyers. Autrement dit, quasiment l’ensemble des logements britanniques.  Au-delà du record, c’est donc une promesse d’un avenir plus vert qui s’est affirmé dans le ciel britannique ce 11 novembre.

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Le précédent record datait de décembre 2024. On avait alors frôlé les 22,5 GW. Cette fois, les éoliennes ont franchi la barre, poussées par une météo musclée et une meilleure coordination du réseau.

Selon le National Energy System Operator (Neso), 43,6 % de l’électricité britannique provenait des parcs éoliens ce soir-là. À cela s’ajoute une autre portion souvent invisible : 12,1 % produits par des éoliennes embarquées, c’est-à-dire connectées directement aux réseaux locaux, sans passer par les grands câbles à haute tension.

55,7 % du courant britannique était donc d’origine éolienne ce 11 novembre.

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Un mix énergétique pas si simple

Rien ne fonctionne seul dans un réseau électrique moderne. Même les jours où le vent est roi, les autres sources d’énergie continuent de jouer leur partition.

Répartition énergétique du Royaume-Uni le 11 novembre :

Source d’énergie
Part dans la production
Équivalent en nombre de foyers alimentés
Éolien (réseau principal) 43,6 % 17,2 millions Éolien (réseaux locaux) 12,1 % 4,8 millions Gaz naturel 12,5 % 4,9 millions Interconnexions (import) 11,3 % 4,4 millions Nucléaire 8 % 3,1 millions Biomasse 8 % 3,1 millions Hydroélectricité 1,4 % 560 000 Stockage 1,1 % 440 000

Ce cocktail énergétique montre une chose : le pays ne dépend plus majoritairement du gaz et commence donc à s’affranchir de cette dépendence. Le nucléaire reste en soutien, stable. Le stockage d’énergie, encore faible, progresse doucement mais sûrement.

Une électricité moins sujette aux sautes d’humeur

L’électricité issue du vent ne se paie pas à coup de gaz importé. Elle n’augmente pas parce qu’un oléoduc se ferme. Elle ne dépend pas du prix du baril de pétrole à Rotterdam ou du volume de gaz liquéfié aux États-Unis.

Elle est produite sur place, gratuite une fois les turbines installées, sans émission directe de CO₂.

Jane Cooper, directrice adjointe de RenewableUK, l’a résumé  ainsi :

« Par un soir froid et sombre, le vent a produit de quoi alimenter 80 % des foyers britanniques, au moment où on en avait le plus besoin. »

Cette indépendance énergétique, si elle se confirme, change complètement la donne.

Des géants en mer et une ambition affirmée

Le Royaume-Uni ne joue pas dans la même catégorie que ses voisins européens. Il héberge 5 des plus grands parcs éoliens offshore de la planète.

Ses 32 GW de capacité installée sont répartis presque équitablement entre la terre ferme et la mer. Et ce n’est qu’un début. D’ici 2030, le gouvernement souhaite que 95 % de l’électricité britannique provienne de sources bas-carbone, soit du vent, du soleil, de l’hydroélectricité, du nucléaire… tout sauf les fossiles.

La clean power mission est ambitieuse, mais elle s’appuie désormais sur des résultats bien concrets. Ce record du 11 novembre n’est pas une anomalie. C’est un avant-goût de ce qui nous attend.

Une grille 100 % zéro carbone ? Possible

Kayte O’Neill, directrice des opérations chez Neso, y croit dur comme fer. Selon elle, le Royaume-Uni pourrait bientôt franchir un cap symbolique : faire tourner son réseau sans aucune émission de CO₂, pendant plusieurs heures voire une journée entière.

Techniquement, les infrastructures sont prêtes. Ce qui manque encore, c’est un peu plus de régularité côté météo, et une montée en puissance du stockage pour éviter les creux.

Parce que si le vent s’arrête, on ne peut pas juste attendre qu’il revienne. Il faut des batteries, des barrages, des échanges avec les voisins, et parfois encore un peu de gaz ou de nucléaire pour passer la nuit.

Le Dogger Bank est un grand banc de sable formant une zone peu profonde de la mer du Nord, situé à une centaine de kilomètres des côtes du Royaume-Uni et entre 125 et 150 km des côtes du Danemark. Il abrite à présent le plus grand champ d'éoliennes du monde.Le Dogger Bank est un grand banc de sable formant une zone peu profonde de la mer du Nord, situé à une centaine de kilomètres des côtes du Royaume-Uni et entre 125 et 150 km des côtes du Danemark. Il abrite à présent le plus grand champ d’éoliennes du monde.
Liste des plus grands champs d’éoliennes offshore du monde

Nom du parc
Pays
Capacité installée
Nombre d’éoliennes
Mise en service
Distance des côtes
Coût estimé
Dogger Bank (A-B-C) Royaume-Uni 3 600 MW (en cours) 277 (prévu) 2023–2026 130 km 12 à 13 milliards € Hornsea 2 Royaume-Uni 1 386 MW 165 2022 89 km ≈ 6,5 milliards € Hornsea 1 Royaume-Uni 1 218 MW 174 2020 120 km ≈ 4,9 milliards € Walney Extension Royaume-Uni 659 MW 87 2018 19 km ≈ 3,2 milliards € Borssele 1 & 2 Pays-Bas 752 MW 94 2020 22 km ≈ 3,8 milliards € Greater Changhua 1 & 2a Taiwan 900 MW 111 2023 35–60 km ≈ 7,6 milliards € Beatrice Royaume-Uni 588 MW 84 2019 13 km ≈ 3,6 milliards € East Anglia ONE Royaume-Uni 714 MW 102 2020 43 km ≈ 3,3 milliards € Horns Rev 3 Danemark 407 MW 49 2019 25 km ≈ 2,6 milliards € Fécamp France 497 MW 71 2025 (prévu) 13 km ≈ 2 milliards €

Sources :

  • Electrek, « UK wind farms generate a record 22.7 GW of power on a single day », 20 novembre 2025, https://electrek.co/2025/11/20/uk-wind-farms-generate-a-record-22-7-gw-of-power-on-a-single-day/
  • RenewablesNow, « Great Britain sets new wind‑generation record at 22.7 GW », 11 novembre 2025, https://www.renewablesnow.com/news/great-britain-sets-new-wind-generation-record-at-22-7-gw-1285300/
  • SkyNews, « New record for wind‑powered electricity in Britain », 11 novembre 2025, https://news.sky.com/story/new-record-for-wind-powered-electricity-in-britain-13472884

Image :

Le parc éolien de Dogger Bank est un parc éolien offshore développé en trois phases – Dogger Bank A, B et C, situées entre 130 km et 190 km des côtes du Nord-Est de l’Angleterre à leurs points les plus proches.

Ensemble, elles formeront le plus grand parc éolien offshore du monde.