C’est dans ce genre de moment que l’on peut juger de la qualité d’un réservoir. Quand la moyenne d’âge aux entraînements se fait basse et que le vestiaire de l’équipe professionnelle s’est largement vidé.
À Toulon, on le sait, les périodes de doublons obligent souvent le groupe à se resserrer. Ce mois de novembre, synonyme de tournée d’automne, n’a pas fait exception. Et le nombre de sélectionnés, ajouté aux différents blessés, a impliqué un sacré défi pour Pierre Mignoni durant la semaine écoulée : composer sans dix-huit de ses hommes, et non des moindres…
Car avec Gros, Ollivon, Serin, Dréan, Garbisi, Brex, White, Tuicuvu et Javakhia en sélections, Nonu toujours en Nouvelle-Zélande, ainsi que Domon, Rayan Rebbadj, Tuifua, Frisch, Halagahu, Ivaldi, Villière ou encore Gigashvili à l’infirmerie, la liste des absents pour défier le Stade français à Paris avait de quoi donner des sueurs froides.

« Pas là pour pleurer sur le calendrier »
Mais l’entraîneur varois a préfére ne pas verser dans le fatalisme. « Sincèrement, assure-t-il, c’est un beau challenge. Pour moi en tant que coach, et pour notre groupe aussi. Si on veut être parmi les meilleurs clubs, dans ces périodes-là, il faut assurer. Donc, on n’est pas là pour pleurer sur le calendrier. On connaît les problématiques et ce n’est pas moi qui vais les changer. On fait au mieux. » Et on compte sur les graines plantées dans les catégories de jeunes pour continuer à pousser chez les grands.
Mercredi, lors de l’entraînement ouvert au public, près de la moitié des joueurs appartenaient à la catégorie Espoirs. De quoi donner un coup de peps à l’ensemble du squad ? « Honnêtement, je suis très content de la semaine, répond Mignoni. J’ai pris beaucoup de plaisir avec ce groupe, certes réduit, mais avec des joueurs super investis. Maintenant, c’est de l’entraînement. Le match, ce sera autre chose. »
Sept joueurs du centre de formation mobilisés
Matéo Gracieux (titulaire) et Barnabé Mechentel (remplaçant) ne diront pas le contraire. À 20 ans, les jeunes ailiers varois s’apprêtent à disputer leur première rencontre chez les professionnels. « J’ai 100 % confiance en eux, poursuit le directeur du rugby. Ces garçons n’arrivent pas comme ça. Ils sont avec nous depuis la saison dernière, ont fait la pré-saison, et ont joué en amical cet été. C’est le bon moment. »
D’autant plus que les deux « athlètes » de l’équipe Espoirs, « très vifs », « travailleurs » et « bons sous les ballons hauts », auront avec eux des visages bien connus pour leur donner comme un air de déjà-vu. Les minots Pierre Damond, Joé Quere-Karaba, Léo Ametlla, Corentin Mézou et Oliver Cowie seront en effet de la partie, portant à sept le nombre de joueurs du centre de formation sur la feuille de match côté RCT, et à moins de 23 ans la moyenne d’âge du banc de touche.

« On est sûrs de nos forces »
« Mais, au-delà des jeunes qui vont être là, ajoute Mignoni, j’attends des anciens, des pros, qu’ils passent devant et montrent l’exemple. » Car, ce dimanche soir, à Jean-Bouin, la fraîcheur de la jeunesse et l’état d’esprit tant loués par le staff ne suffiront pas. Les Sinckler, Rebbadj, Ludlam, Mercer, Le Bail, Sinzelle et autre Jaminet devront montrer la voie et mettre les minots (pour la plupart remplaçants) dans « les bonnes conditions » pour espérer faire tomber le Stade français de Louis Carbonel, globalement épargné par les absences, et toujours invaincu à domicile cette saison.

Quoi qu’il advienne, l’ouvreur Mateo Garcia ne posera donc pas l’excuse de l’inexpérience : « On est sûrs de nos forces. Et peu importent les rotations dans le groupe, car on sait qu’il y a beaucoup de qualité. »
Alors, roulez minots. Les grands frères sont dans la place. Et puis, dans tous les cas, il paraît que la jeunesse se forme dans le voyage.