Des petits dessins figuratifs avec des plantes et des personnages stylisés, une photographie où un bras soulève une maison sur pilotis en papier découpé, des tableaux couverts de paillettes, des totems de pneus en terre cuite, des poèmes gravés sur des plaques d’argile craquelé et, même, des cubes de savon empilés qui forment, au sol, des puits en construction… L’art d’Otobong Nkanga est un patchwork de matières, de textures et de formes, toutes reliées entre elles par des fils visibles et des liens cachés. Au musée d’Art moderne de la ville de Paris, qui consacre une belle exposition à l’artiste d’origine nigériane, se déploient aussi d’immenses tapisseries colorées et des installations où s’entremêlent tapis organiques et colliers géants de perles en verre de Murano.

Il y a un peu de la carte mentale dans l’esthétique d’Otobong Nganka, qui navigue entre pratiques éclectiques, souvenirs intimes et sujets géopolitiques. «Je me réveille le matin et j’ai une nouvelle idée, explique l’artiste, enthousiaste. Je cherche la manière de me mettre dans le monde ; c’est ça qui rend les choses très excitantes.» C’est sans aucun doute le rêve prophétique de sa mère qui l’a imaginée baignée de couleurs, juste avant sa naissance, qui guide aujourd’hui Otobong Nganka. «J’ai rêvé de toi en couleurs» est le joli titre de l’exposition, un hommage à cette mère puissante, morte dans un accident de voiture où se trouvait aussi celle qui était alors étudiante.