Jusqu’à 150 personnes, notamment des enfants en bas âge, occupent, depuis mercredi dernier, une salle de réunion du siège de la Métropole de Grenoble, place Malraux. Des personnes en grande précarité, sans-abri, dont plusieurs femmes enceintes et un grand nombre de travailleurs à vélo, accompagnés par des associations comme le DAL38 et des bénévoles. « Tous ont été expulsés des logements qu’ils occupaient, place des Géants dans le quartier de la Villeneuve, le 28 octobre et le 18 novembre dernier, par Actis », indiquait mercredi sur place, Raphaël Beth, militant au sein du DAL.

Le bailleur social précisait de son côté que « ses services ou prestataires sont passés à plusieurs reprises pour rencontrer les squatteurs, leur expliquer l’illégalité de leur situation et faciliter leur orientation vers les services compétents, afin de trouver une solution d’hébergement d’urgence ».

« Ces personnes fuient des marchands de sommeil »

Dans une lettre adressée ce samedi 22 novembre à la préfète de l’Isère, Catherine Séguin, le président de Grenoble Alpes métropole, Christophe Ferrari, et son vice-président en charge du logement, Jérôme Rubes, précisent que la collectivité a “évidemment accepté de les accueillir au sein de nos locaux, de les héberger temporairement, indépendamment de leur statut, de leur origine, notamment pour deux raisons : le froid qui s’installe et des situations inacceptables dépeintes à l’occasion des rencontres formelles ou informelles depuis mercredi. Ces personnes fuient des marchands de sommeil, un système mafieux, le racket, les menaces de mort et les violences physiques qui en résultent”, écrivent les élus. Les personnes accueillies dénoncent en effet des intimidations de la part de « quelques habitants du quartier ». « Ils viennent avec des machettes nous demander de l’argent. Il y a trois bandes, chacune demande cinquante euros ou plus », confiait Hanafiou, un homme d’une quarantaine d’années, logeant encore au quartier de la Villeneuve. Une sorte de loyer à payer pour occuper ces logements vacants.

« L’État, en charge de l’hébergement d’urgence, ne peut pas être absent »

“Face à l’inacceptable […] nous croyons en la solidarité. Notamment en la solidarité des élus. L’ensemble des maires de la Métropole ont en ce sens été sollicités pour apporter, autant que faire se peut, des solutions [….]. Car, la réponse ne pourra qu’être collective, partenariale et nous souhaitons évidemment que l’État absent jusque-là, et nous le regrettons profondément, en prenne toute sa part […]”, ajoutent Christophe Ferrari et Jérôme Rubes qui souhaitent “que des conditions dignes et sécurisées d’hébergement, puis de relogement, soient proposées dans les plus brefs délais, aucune famille, aucune personne, ne devant rester sans solution”.

La Métropole indique bâtir “pas à pas, un éventail de solutions mobilisables” […] “dans des bâtiments métropolitains, des équipements communaux, des biens en portage par l’EPFL-D, qu’il s’agisse d’appartements, de maisons, de sites inoccupés à vocation économique,…” Les deux élus indiquent à la préfète qu’ils la solliciteront “dans les prochains jours”, “pour ouvrir un dialogue à la hauteur des enjeux, avec les acteurs compétents et concernés à l’instar du Conseil départemental, des bailleurs sociaux pour échanger urgemment autour de telles solutions, les modalités qu’elles impliquent, ainsi que leur prise en charge. […] Nous comptons sur vous ; l’État, en charge de l’hébergement d’urgence, ne peut pas être absent”.